Carbone & Silicium

Carbone et Silicium sont deux androïdes créés dans un laboratoire de la Silicone Valley. Dès que leur Intelligence Artificielle est activée on leur donne accès à Internet, afin de les nourrir d’un savoir immédiat et universel ! Cependant, cette découverte, liée à leurs premières sensations, leur première conscience d’être, leur donne une curiosité qu’ils vont vouloir assouvir, malgré les contraintes qui leur sont tout de suite imposées (15 années d’existence avant d’être déconnectés, un disque dur portable externe et encombrant qu’ils doivent à tout moment trimballer avec eux, et l’obligation de se cantonner dans une même et unique salle, et une utilité qui consiste à ne servir que de robot à tout faire…). Au fil du temps qui passe, on leur permet une première sortie et Carbone en profite pour s’enfuir, laissant sa compagne derrière lui. Une fois arrivée la fin de la période d’activité, la scientifique qui les a créé, touchée par la détresse de l’androïde, soumet à Silicium une étrange idée… Enregistrer son IA et l’envoyer dans le réseau afin qu’elle se trouve un nouveau corps… Silicium accepte sans se douter de ce qui l’attend ensuite…

Par fredgri, le 4 août 2020

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Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Carbone & Silicium

Mathieu Bablet nous a habitué à des projets ambitieux et fascinants, qu’il s’agisse d’Adrastée ou le monumental Shangri-Là ! On l’a récemment vu aux commandes de la série anthologique Midnight Tales et c’est avec impatience que l’on voyait filtrer les premières pages (avec notamment le FBCD de cet année) de ce nouveau projet qui promettait d’être tout aussi incroyable que les autres !

Et il faut bien reconnaître que l’on n’est pas déçu une seconde !
Dès les premières pages, nous plongeons dans un univers de science fiction aux antipodes de ce que nous avons l’habitude de voir ! Ici, le ton est lent, limite contemplatif, on suit deux androïdes dans une histoire qui glisse autour d’eux, tandis qu’ils sont les témoins de l’évolution de l’humanité !
On est loin du constat apocalyptique de la trilogie Matrix qui pose l’Intelligence Artificielle comme conquérante, voir despotique. Ici, les deux "héros" veulent avant tout comprendre, découvrir et être libres. Il n’est pas question d’aller avaler les autres, de poser un regard dédaigneux sur ceux qu’ils pourraient juger inférieurs, mais plutôt de se construire une sensibilité, une émotivité face au monde qui se dévoile à eux ! Plus nous avançons dans le volume plus ces personnages tentent de s’humaniser, tandis que l’homme se lie progressivement davantage à la machine…
L’avenir viendrait-il d’une interconnexion de plus en plus serrée ? C’est un peu le constat qui semble se faire !

Silicium est malgré tout au centre de l’histoire. On découvre l’histoire par ses yeux, on la voit se "réincarner" au fil de sa fuite, à la recherche de Carbone, des années, des décennies, des siècles qui se succèdent… Elle devient l’esprit qui se nourrit de son récit, de ce qu’il perçoit, de ce qu’il construit au fur et à mesure ! Elle reste une machine sensible, émue par sa nature initialement éphémère, par ce monde et ce savoir qu’elle ne perçoit qu’en partie… Quel est son rôle, quel est le but de son voyage ?

On est vraiment fasciné par ces atmosphères parfois éthérées que Mathieu Bablet installe devant nous, un long voyage en spectateur, magnifiquement mis en image, évidemment, avec un sens de la mise en scène qui frôle la virtuosité !

On n’est malgré tout pas dans une suite de Shangri-là, le propos, le rythme sont différents, mais on est bel et bien dans une nouvelle réécriture des codes de la science fiction, plus profonde, plus allusive et plus touchante !
Le grand spectacle est dans les détails, dans les mots, dans ce que l’on devine…

Un très grand moment de BD, l’album à ne pas manquer pour cette rentrée !

Extrêmement recommandé !

Par FredGri, le 4 août 2020

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