CARAVAGE (LE)
La palette et l'épée

Un soir de l’été 1492, Michelangelo Merisi arrive à Rome, sans le sou, ne connaissant personne dans la ville, ce jeune artiste peintre sauve la vie et la bourse d’un homme qui lui offre le couvert à l’auberge et le présente à une compagnie d’artistes.
Le vin et une échauffourée avec de dangereux proxénètes rapproche les compères et il trouve le gite dans un atelier de peintre. La toile qu’il peint ce soir-là force l’admiration du maitre d’atelier. Antiveduto Gramatica, considérant le talent de ce jeune peintre originaire du village de Caravage, décide de le présenter à celui qui est considéré comme le plus grand maitre d’atelier de Rome, le Cavalier d’Arpin.

Par olivier, le 20 février 2015

Publicité

Notre avis sur CARAVAGE (LE) #1 – La palette et l’épée

Cantonné à la reproduction de guirlandes de fleurs, Le Caravage à de plus en plus de mal à supporter les humiliations de d’Arpin. Heureusement pour lui, il a gardé un petit espace chez Antiveduto Gramatica qui lui permet, une fois sa journée de tâcheron terminée de laisser s’exprimer tout son talent dans de magnifiques portraits ou scènes de groupe qui frisent parfois la mise à l’index car fort éloignées de l’académisme toléré par l’église.

Dans cette Rome que Manara nous dépeint comme bouillonnante sur le plan artistique, les commandes sont presque exclusivement faites par le Pape, les Cardinaux et quelques très riches bourgeois.
Les représentants de l’église imposent une censure sur ce qui doit être présenté au peuple et doit donc correspondre à un certain nombre de canons en accord avec les principes catholiques.
Il est difficile pour un esprit frondeur et indiscipliné comme le Caravage, qui veut créer pour le peuple, de se soumettre à l’académisme. Il veut peindre la vérité comme dans son Martyr de Saint Mathieur ou dans sa Vocation et ira jusque friser l’hérésie avec La Mort de la Vierge.
Le Caravage va chercher ses modèles dans la rue, chez le peuple et pour les femmes et, c’est un bel exemple de son refus de se soumettre aux contraintes ou aux oukases cléricales, chez les prostituées.
Les modèles féminins sont interdits, la représentation du nu féminin est interdite et il faut être courageux ou bien très en vue pour braver cet interdit.

Le récit est somptueux, historiquement très fiable, puisque Manara met en scène des personnages qui entourent Le Caravage et dont on a trace, comme Gramatica, d’Arpin, les Cardinaux et même Mario, le jeune qui héberge Le Caravage chez Gramatica et qui lui servira de modèle, ces personnages ont bien existé. Bien évidement autour de ces personnages et événements relatés par des chroniques de l’époque, un certain nombre d’autres caractères sont là pour mettre en relief le Caravage et donner du corps et de l’action au récit.
Manara s’appuie sur les rares faits dont on soit sur : son caractère querelleur et batailleur, les prostituées qu’il utilise comme modèles à l’instar d’autres peintres mais contrairement à eux qu’il traite avec respect.
Manara, au-delà de la flamboyante évocation de cette période de la vie du Caravage prend soin de mettre en perspective la place de l’art dans cette Rome en pleine période de la Renaissance avec la vie politique et religieuse.
Il replace le peintre et la création dans son environnement politique et culturel, les uns n’allant pas sans les autres que ce soit par fusion ou rébellion.

Quel délice de se plonger dans le dessin de Milo Manara, il se dégage de son trait une sensualité magique et ses couleurs claires, légères, font magnifiquement ressortir les reproductions des tableaux de Caravage.

Premier tome d’un diptyque puissant et évocateur dans la collection Caractère sans lien avec la nouvelle collection des Grands Peintres dont les premiers albums sortent en parallèle.

Par Olivier, le 20 février 2015

Publicité