CAP HORN
Le Prince de l'Âme

Le 31 décembre 1892, en la baie d’Oushouaya, l’heure est au recueillement et également aux premières constatations amères. En effet, après les derniers incidents meurtriers qui ont opposé l’ange noir du Paramo à la petite troupe militaire du Commandant Lagarigue, le révérend Bridges ne peut que s’interroger sur la réelle utilité de la mission qu’il a implanté en ces lieux sauvages et qui est à l’origine de la disparition d’un grand nombre d’autochtones, les Yamanas. Aussi, devant ce constat affligeant, de grandes décisions sont prises. Certains comme Anna, Duca, ont décidé de rester, d’autres, tel le révérend Bridges, Patrick Whaits, préfèrent abandonner définitivement la mission humanitaire. Profitant du départ du Huemel, ces derniers embarquent accompagnés par le désabusé lieutenant de Boeldieu et par le charismatique Johannes Orth qui cherche un endroit isolé pour disparaître à jamais. Il ne fait aucun doute que le chemin pour atteindre cette tranquillité est encore long à parcourir car il se doit d’affronter, Kruger, Popper et également ses propres démons.

Par phibes, le 27 septembre 2013

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Notre avis sur CAP HORN #4 – Le Prince de l’Âme

Assurément à l’aise dans ce sujet entamé en 2005, Christian Perrissin vient, par ce quatrième opus, nous délivrer la conclusion de son aventure en Terre de Feu. Une fois encore, ce scénariste qui a su construire sa notoriété autour de récits conciliant authenticité et fiction, nous démontre son attachement à traiter d’une thématique qui puise généreusement ses bases dans une réalité historique.

Nous replongeons dans les ambiances de fin de 19ème, au temps où la baie d’Oushouaya se faisait le théâtre d’une colonisation aux effets malheureusement destructeurs sur les peuplades autochtones. L’on retrouve les protagonistes survivants à la dernière altercation meurtrière intervenue précédemment entre le sinistre Mac Hilian et ses miliciens, et la soldatesque du poste militaire avancé argentin. Le climat est pesant, l’affliction prend toute sa grandeur et donne des envies de départ. Aussi, pour les besoins de ce dernier volet, Christian Perrissin sort définitivement du cadre spatial de la mission des Yamanas, et s’attache à relater la fin de parcours du personnage central, Johannes Orth et de ceux qui l’ont accompagné de près ou de loin dans ses aventures australes (Anna Lawrence, le révérend Bridges, le lieutenant de Boeldieu, le capitaine Law, Kruger, Popper…).

Cet épisode se veut particulièrement animé de par les faits qui sont contés. Johannes Orth, en quittant la baie d’Oushouaya, a encore mille choses à faire et se doit de les réaliser en peu de pages. Aussi, cet emballement nous donne à assister à l’exécution d’une vengeance, à l’émergence, là aussi dans des circonstances dramatiques, d’un secret et à la tentative d’une manipulation insidieuse. L’on conviendra que les faits sont remarquablement agencés et donnent, en les abordant, beaucoup de sensations.

Enea Riboldi signe encore une fois un travail soigné. Il ne fait aucun doute que l’exotisme de son dessin est indubitablement prenant, conforté par une recherche historique qui se veut également très prégnante. La beauté des paysages conjuguée au charisme de ses personnages permet de capter sans difficulté l’attention du lecteur et ce jusqu’à la fin.

Un dénouement réussi qui confère à la saga, de par son côté à la fois historique et aventureux, un côté très convaincant et agréable à lire.

Par Phibes, le 27 septembre 2013

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