CAP HORN
Dans le sillage des cormorans

Afin de soigner Duca et d’endiguer l’épidémie qui sévit à la mission d’Oushouaya, Johannes Orth s’accapare le vapeur du commandant argentin Lagarigue pour aller chercher le médecin militaire français basé sur l’île du Dimanche. Dans son périple, l’accompagnent le révérend Bridges et sa belle assistante, Anna Lawrence. Lors de la traversée d’une passe, l’explosion de leur transport les oblige à prendre pied sur la grève. Mais leurs péripéties ne sont pas passées inaperçues car ils reçoivent l’appui d’un petit parti de Yamana qui propose d’emmener Anna, seule, au devant de l’officier de santé.

De son côté, le capitaine François Boeldieu, a débarqué à Punta Arenas. Ayant assuré la mission confiée par son supérieur cloué au lit, il recueille enfin des nouvelles de sa dulcinée. Mais ces dernières n’étant pas des plus réjouissantes, il décide de noyer sa déception dans l’alcool. C’est ainsi qu’il croise le chemin de Kruger, le curieux associé de Orth.

Forte de tous ces évènements, la terre fuégienne prépare son avenir, un avenir pas forcément des plus heureux.

Par phibes, le 1 décembre 2009

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Notre avis sur CAP HORN #2 – Dans le sillage des cormorans

Enfin le deuxième épisode de cette grande saga est disponible. Il aura fallu attendre patiemment quatre ans (le premier opus date d’octobre 2005), jour pour jour, pour retrouver les personnages clés qui ont initié cette fabuleuse aventure. C’est ainsi que l’on retrouve cette partie de territoire reculée, semi sauvage, qui, en cette fin du 19ème, voit son bio système se modifier sensiblement par l’installation de nombreux colons.

Cet épisode a l’avantage d’estomper la longue période d’attente, tant le résultat est à la hauteur de nos espérances. Christian Perrissin ("El Niño", "Martha Jane Canary"…) poursuit donc son évocation historique toute en sensibilité de la Terre de Feu au travers de sa fiction aventureuse. Pour ce faire, sans chercher à se noyer dans une débauche de faits chocs, il invite son lectorat à suivre le parcours éclectique de ses protagonistes (l’aventurier Johannes Orth, la belle Ana Lawrence, le révérend Bridges, le docteur Frossard, le capitaine Boeldieu…) dans un univers qui se voit bousculé par les tentatives de modernisation des autochtones, les épidémies et les activités exploratrices peu exemplaires de ces fameux "cormorans".

Les péripéties contées permettent d’étoffer la personnalité des intervenants. Ainsi, Orth dévoilera sa culture étonnante pour un gaucho en fuite, le commandant Lagarigue susurrera ses ambitions quant au devenir d’Oushouaya, le révérend incarnera le faible espoir des Yamana, le capitaine Boeldieu assumera ses désillusions, le docteur Frossard se révèlera un scientifique un peu trop zélé… Cette distribution d’attitudes disparates contribuera inévitablement à donner à cette fresque aventureuse un intérêt très appréciable et sera à déguster tout au long des 56 planches qui constituent le présent ouvrage.

L’auteur italien Enea Riboldi tire son épingle du jeu graphique en produisant des dessins d’une intensité admirable. Dans un réalisme impeccable qui, depuis le précédent album, a superbement évolué, il épaule gracieusement son scénariste en restituant les ambiances d’une époque et d’un territoire voués à des changements profonds. La véracité de ses personnages est confondante, dans leur charisme, leur beauté, leur coutume, leurs attitudes, leurs costumes…

L’aventure à l’état pur a un nom : "Cap Horn". Ce deuxième opus confirme le talent d’un duo d’auteurs qui sait nous faire voyager et dont on attend une suite des plus savoureuses.

Par Phibes, le 1 décembre 2009

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