CAP HORN
L'ange noir de Paramo

En cette veille de noël 1892, les sbires du Paramo commandés par le ténébreux Mac Hilian ont investi la petite communauté anglaise d’Oushouaya, esseulée depuis que son protecteur, le révérend Bridges, a disparu. En effet, ces derniers sont à la recherche de l’énigmatique fugitif Johannes Orth, qui pour l’heure se trouve emprisonné au poste militaire argentin situé non loin. Afin de faire pression sur les gens de la mission et en vue d’un échange avec Orth, Mac Hilian enlève Anna Lawrence, la fille adoptive du Révérend. Alerté sur ces faits, le commandant militaire Alejandro Lagarigue se décide à intervenir avec sa maigre troupe. La terre la plus australe de la planète va connaître des moments difficiles durant lesquels l’ange noir du Paramo va peser de toute sa hargne.

 

Par phibes, le 1 mai 2011

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L’ange noir du Paramo nous ramène aux ambiances historiques de la Terre de feu de la fin du 19ème et plus particulièrement sur la petite mission anglaise qui, en dernier poste avancé du Cap Horn, subit moult désagréments. Alors que les Yamana, peuplade autochtone en sursis de part l’étrange maladie qui décime ses rangs, semblent ne plus accorder leur confiance vis-à-vis de ceux qui les ont recueillis, une bataille se prépare sur la plaine environnante d’Oushouaya.

Ce nouvel épisode remet en selle tous les protagonistes qui ont sévit antérieurement. Si l’on retrouve le jeune Yakaïf, yamana "éduqué", en proie à une cohabitation avec les colons des plus difficiles et à un gros dilemme éthique, si l’on recroise également le capitaine Jason Low en pleine fuite, cet opus met l’accent essentiellement, d’où le titre, sur l’intervention musclée du chef de la Milice du Paramo, Mac Hilian et son affrontement avec les gens de la Communauté d’Oushouaya. Par ce biais, la belle volontaire Anna Lawrence, captive de l’Ange noir, est mise à l’honneur suivie de près par l’irascible officier argentin Lagarigue, tandis que Johannes Orth est cette fois-ci est relégué à un rôle subalterne (bien qu’une partie de son secret soit divulguée).

L’heure est donc à la rencontre entre deux forces caractérielles, une rencontre superbement orchestrée avec en toile de fond le problème de la survie de tout un microcosme (natifs et exilés) sur un territoire isolé. Ainsi, Christian Perrissin garde le cap de son aventure de l’extrême sud-américain et nous livre un amalgame parfait entre fiction et révélation historique. A cet effet, il entretient une certaine tension dans son récit (la poursuite d’Orth par Mac Hilian) qui se vautre dans un enchevêtrement de destinées, de situations et d’actions habilement constituées. La psychologie de ses personnages retient toute notre attention, tant pour son côté humaniste avéré que pour la pluralité des réactions individuelles.

Enea Riboldi gère son travail dans une authenticité de trait qui porte vers le haut la qualité générale de l’album. Son univers graphique est d’une grande beauté, rigoureusement proportionné, enjolivé par une colorisation à quatre mains bien maîtrisée. L’évocation historique et l’isolement territorial sont bien ressentis au travers des nombreux paysages réalisés. De même, les différents portraits que le dessinateur n’hésite pas à multiplier avec ressemblance, sont très réussis et des plus expressifs.

Un troisième opus animé et aventureux toujours aussi remarquable et dépaysant que les précédents et qui préfigure la fin dans le prochain tome.

 

Par Phibes, le 15 mai 2011

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