CAP HORN
La baie tournée vers l'est

 
Johannes Orth, le vieux Duca et Kruger sont en fuite. Chercheurs d’or, ils ont filé à l’anglaise, trahissant Julius Popper en emportant 25 kg de métal précieux extraits du sol de ses terrains. Ce soir-là, Kruger fausse compagnie à ses deux acolytes sans avoir oublié de prendre le butin…

Dans le même temps, Jason Low, un navigateur qui veut redonner ses lettres de noblesse à la navigation à voile en cette époque où les bateaux à vapeur deviennent rois, navigue non loin de là.

Enfin, sur ces rivages décidément bien plus fréquentés qu’on pourrait le penser croise le Bisson, le navire d’une expédition de cartographes et d’ethnologues venus étudier ce bout du monde qu’est la Terre de Feu.

Johannes parviendra à obtenir l’aide de Jason Low pour emmener Duca, gravement blessé, se faire soigner dans une mission. Plutôt gauchos que marins bien qu’ils arrivent par la mer, leur arrivée et leur histoire feront naître en certains autant de méfiance à leur égard que de curiosité de la part d’autres qui voient en leur venue en ces lieux si peu souvent visités, un événement chamboulant la triste monotonie australe.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur CAP HORN #1 – La baie tournée vers l’est

 
De nombreux ingrédients pour aventures grandioses sont rassemblés dans ce début d’histoire. Tout d’abord, cet endroit mythique qu’est la Terre de Feu dont les éléments principaux, la terre et l’eau, voient l’un comme l’autre se dérouler les chapitres de "Cap Horn".

Ensuite, le contexte historique, la fin du XIXème siècle, période d’inventions, d’explorations, de découvertes. On mettra donc le pied dans différents univers qui, dans cette "baie tournée vers l’est", au sud de la Patagonie, se côtoient. Celui des chercheurs d’or, celui des navigateurs, celui des missionnaires ou encore des militaires et des pêcheurs. Sous prétexte de cette aventure, on approchera les tribus autochtones qui peuplent la zone (eh oui, il n’y a pas que chez les indiens d’Amérique et chez les africains que les européens sont allés mettre la pagaille, malheureusement !) et on participera à la colonisation de leurs territoires, donc.

L’histoire est bien amenée. Elle promet dépaysement, aventure et action. Et probablement un zest d’amour. Des points importants sont déjà abordés : l’or du roi de Paramo qui revendique l’indépendance de ses terres, la servitude des indigènes… Les intrigues se mettent en place : la traque des fuyards par les hommes de Popper, Kruger qui part avec l’or et qu’on ne reverra pas dans ce tome 1, les intentions des chercheurs d’or qui, loin d’être des enfants de cœur, atterrissent chez les missionnaires ou encore le passé mystérieux mais probablement riche de Johannes dont on n’apprendra pour l’instant que très peu.

Perrissin nous avait régalés avec les aventures de Véra (El Niño). Je lui fais donc entièrement confiance pour la qualité de cette nouvelle série. Il a comme compère artistique le dessinateur milanais Enea Riboldi qui a collaboré avec moult auteurs italiens depuis les années 70. Bref, pas un bleu ! Et ma foi, quel superbe dessin ! Quel coup d’œil (et de crayon !) sur les paysages, la faune et la flore locales ! De grandes cases nous en font profiter : on a envie de se remplir les poumons pour en capter la pureté ! Ceux qui connaissent le coin remarqueront même en page 7 cet arbre très connu, qui a poussé plié par les vents violents. Sans monument connu dans la région (si ce n’est le fameux nom d’Oushouaya – écrit ici comme dans la BD), il en est devenu un symbole que les auteurs ont su s’approprier furtivement pour abriter Johannes le héros. Les bateaux et les personnages, aussi, tout comme la pluie ou les cieux orageux, souvent à l’ordre du jour dans ces contrées, sont dessinés avec talent.

La narration est faite de différentes façons. De manière classique mais aussi sous la forme du journal de bord de Jason Low ou encore au travers les lettres qu’écrit le capitaine Boeldieu à Julie. Cela offre l’intérêt de faire glisser le lecteur dans l’histoire comme accompagné par différentes personnes.

Les transitions graphiques entre les scènes sont bien maîtrisées. Pour exemple, ces magnifiques pages 12 et 13 où c’est un albatros qui nous guide. Le découpage, vous aurez compris où je veux en venir, est aux petits oignons et rend le tout plus qu’agréable.

Enfin, superbe pochette au design comparable à celui d’une affiche de cinéma. On pourrait juste lui reprocher d’être un peu trop racoleuse : si Johannes et Miss Lawrence doivent se retrouver si près l’un de l’autre, c’est dans un futur tome qu’on le saura !!! Alors, on attend ça avec impatience !
 

Par Sylvestre, le 6 novembre 2005

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