Cannon

(Intégrale qui rassemble tout les strips Cannon parus de 1970 à 1973 dans Overseas Weekly, ainsi que les planches parues dans les heroes, Inc. 1 et 2, dessinées par Steve Ditko et encrées par Wood)
Cannon est certainement le meilleur agent américain sur le marché, l’arme secrète des États Unis, ses chefs n’hésitent pas à l’envoyer pour les missions les plus dangereuses. Sur sa route il a néanmoins croisé la mystérieuse Madame Toy, ainsi que l’agent russe Sue Smith. Il va entretenir avec ces deux femmes une étrange relation, entre combats ennemis et relations plus intimes.
Mais parfois Cannon va un peu trop loin, avec des méthodes quelques peu expéditives, il est donc alors sommé par sa hiérarchie de démissionner. Malgré tout, il s’est fait pas mal d’ennemis sur le terrain et sa tête est vite mise à prix…

Par fredgri, le 3 mai 2014

2 avis sur Cannon

On connait le travail de Wood dans les EC Comics, on connait ses planches de Mad, son travail chez Marvel, à la Tower sur les T.H.U.N.D.E.R.. Agents, ses encrages deçi delà, on connait tous ce génie de la BD qui un jour se tira une balle, par désespoir… !
Wallace Wood reste néanmoins l’un des noms les plus appréciés dans le monde de la bande dessinée. Cette année, Fantagraphics a donc décidé de lui rendre hommage en publiant d’une part cette Intégrale Cannon, un strip assez méconnu du grand public, paru dans un tabloid de l’armée américaine, qui proposait un passionnant récit d’espionnage, brillant hommage décalé aux meilleures bandes des années 40/50. Puis, un peu plus tard paraitra un somptueux coffret rééditant l’intégralité des Witzend, publication anthologique culte devenue particulièrement rare !

Ainsi, avec Cannon, on entre dans une histoire complètement décomplexée. On sait que Wood aimait les armes et les belles filles, il s’en donne donc à cœur joie en dépeignant un univers d’espion complotiste, en pleine guerre froide, ou tout les coups sont bons et ou toutes les héroïnes sont particulièrement avenantes, restant assez peu de temps habillées. Bien sur le caractère très second degré apparait tout de suite et c’est un vrai régal de suivre cette longue et passionnante histoire !
Car ne nous y trompons pas, Cannon c’est certes un strip assez défouloir, souvent prétexte à mettre en scène des filles dénudées au milieu des coups de feu, toutefois Wood maîtrise aussi très bien son affaire. Car le strip est réellement captivant, on retrouve un peu l’énergie des grandes bandes d’aventure comme peuvent l’avoir été Terry & the pirates… Le seul bémol demeure encore le début ou Wood se presse un peu trop à installer son cadre pour démarrer sur les chapeaux de roue. mais très vite il ralentit le rythme et prend son temps pour bien caractériser ses perso.

Alors, bien sur il n’évite absolument aucune grosse ficelle, joue avec les codes paranoïaques de l’époque, comme la peur de l’Asie, de la Russie, des Hippies, Cannon n’est pas un personnage tout lisse, il peut même se comporter comme un gros con, toutefois Wood le fait évoluer tout du long, quitte même à le fragiliser et c’est justement ce travail sur la matière même de son héros qui est intéressant.

Au travers de Cannon, Wood présente une alternative aux personnages monolythiques comme James Bond, par exemple. L’agent secret imbattable, qui séduit toutes les femmes, qui se sort de toutes les situations. Petit à petit cette image s’effiloche, se gondole, tout en mettant en avant l’aspect le plus idéalisé possible, on entre dans un regard au vitriol de l’époque, du genre et de ses codes.
(En contre partie, c’est intéressant de voir que la première version, dans les heroes, Inc. semblait davantage aller vers une sorte d’univers ultra technologique à la Nick Fury, nettement moins axé autour des belles filles dénudée (certainement du à Ditko, d’ailleurs !), plus d’action, de batailles à gros effets, bien plus sensationnaliste en fin de compte !)

Alors c’est vrai que c’est bourré de gros poncifs, mais que c’est bon aussi de traverser ce genre aux côtés de Wood qui livre ici quelques unes de ses plus belles planches !
Mais, en contre partie, je trouve aussi, justement qu’il est assez inégal graphiquement. On sent bien que parfois ce sont ses assistants qui prennent la relève, que le maître est fatigué… Il y a certes des cases très réussies, mais d’autres dénotent franchement par leur manque de finition…

Toutefois, dans le travail de Wallace Wood Cannon a une place très à part, plus classique que la plupart de ses autres œuvres, moins excessive et plus sage que les Sally Forth, moins ambitieuse que ses courts récits chez EC Comics, il n’en demeure pas moins une très intéressante leçon de BD ou un des meilleurs artistes du moment démontrait avec beaucoup d’adresse d’une part sa complète maîtrise du médium, mais surtout la force des strips avec une narration aux petits oignons !

Très très recommandé, en croisant les doigts pour qu’un éditeur français s’y intéresse et que Fantagraphics se lance ensuite sur les sublimes Sally Forth !

Par FredGri, le 3 mai 2014

Wallace Wood …Un monument ! La chronique de Fredgri suscite l’envie de le découvrir ou de le redécouvrir. Un style, une époque, de l’outrance, un "comics code" oublié…une réédition intégrale d’une oeuvre qui pour ne pas être un produit "mainstream" (Marvel ou DC…) ne pouvait être que confidentielle .
Donc..il appartient à l’amateur de BD , de comics, du 9ème art quoi…de se précipiter sur cette édition et de louer Fredgri pour avoir été le hérault de cette aventure (en english, certes….).

Par VinBlood, le 23 avril 2017

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