CAMP POUTINE
Volume 2/2

Alors que la guerre entre l’Ukraine et la Russie semble inévitable, Katyusha, Kirill et Gennady ont pris leurs jambes à leur cou et ont gagné la forêt dans l’espoir d’échapper à la vindicte du fils haineux du commandant Ryabkhov, Anton. Dans son errance, le trio finit par tomber sur un étrange cimetière qui a la particularité d’être gardé par Volkoff et son ours enrhumé Staline. Fils de relégués (à savoir d’anciens prisonniers de goulag) et comédien à ses heures, le vieil homme affranchit les fuyards sur l’identité réelle de Ryabkhov, son ancien associé, et sur la fausseté de ce dernier. C’est alors que Katyusha tombe malade. Pendant qu’elle se repose et tout en assistant avec leur hôte au passage de météorites dans le ciel, les deux autres garnements partagent leur déconvenue initiée par le fait que Katyusha est d’origine ukrainienne et qu’Anton, pur russe, est devenu son propre ennemi. Volkoff, de son côté, évoque son terrible passé qu’il protège des détrousseurs de tombes. Ce dernier décide alors d’aider les trois enfants en les accompagnant à leur camp. Mais une surprise de taille les attend, qui pourrait de fait servir les desseins inavoués de Katyusha.

Par phibes, le 19 août 2020

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Notre avis sur CAMP POUTINE #2 – Volume 2/2

Après une première partie qui nous permettrait de découvrir les camps de vacances à la russe et de faire la connaissance d’une belle tripotée de garnements promis à un entrainement de petits soldats, Aurélien Ducoudray revient nous livrer la suite des péripéties vécues en particuliers par trois d’entre eux, Katyusha, Kirill et Gennady.

A la faveur d’une verve rafraîchissante dont il a la maîtrise et d’une inspiration indubitablement orientée à l’est et à ses ambiances idéologiques forcées, le scénariste anime son récit dans une sympathique ferveur juvénile qui ajoute un bel enthousiasme à l’ensemble. Malgré certaines évocations qui se veulent faire la radiographie d’un pays autoritaire qui semble cultiver à de nombreux niveaux le mensonge à l’image de Ryabkhov, on se plait à suivre les pérégrinations des trois jeunes. Tout particulièrement, Katyusha qui a la surprise générale a signé pour un nouveau stage dans le Camp Poutine et dont la raison nous sera dévoilée en fin d’album. Ensuite, on découvrira Volkoff qui génèrera à la fois des drames et des envolées humoristiques bienfaisantes en compagnie d’un ours domestiqué très efficace dans l’art de la prévision.

On concèdera qu’Aurélien Ducoudray tirent avec subtilité, sans verser dans la critique exacerbée, les ficelles pour cadrer son histoire, résolument à la portée humaine et didactique dans ses recoins. Il nous sensibilise habilement sur ce matraquage théorique dont la jeunesse est la principale cible tout en y instillant pour donner un certain poids quelques vérités (la crise de Crimée, les colonies de vacances dont certaines paramilitaires, les goulags et les relégués…).

La partie graphique se veut de belle qualité. Anlor surfe avec efficacité sur un semi-réalisme généreusement colorisé qui rend ses petits personnages vraiment attachants, via des expressions parfois caricaturales et pleinement convaincantes.

Une seconde partie réussie qui donne à ce diptyque une portée très concluante qui permet in fine de passer un excellent moment de lecture.

Par Phibes, le 19 août 2020

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