Face à la meute

Fille d’un couple d’agriculteurs, Camélia fait sa rentrée au collège rural Les Sources. Bien dans sa peau, la jeune fille intègre l’établissement avec un réel plaisir. A l’internat, elle fait la connaissance de Justine avec laquelle elle entretient une réelle complicité, et ce, durant les quatre années qui suivent. Après le collège, elle part pour le lycée. Elle y retrouve Justine. Les deux jeunes étudiantes ont grandi mais leur amitié reste inébranlable. Camélia y recroise également Rayan, un camarade qui n’a pas été cool avec elle quand ils étaient au collège ainsi que Valentine, une élève qui s’est montrée très désagréable vis-à-vis d’elle. Surnommée la tige par cette dernière, Camélia va commencer à subir un harcèlement de plus en plus fort qui va lui pourrir de plus en plus ses journées et lui faire perdre sa meilleure amie. Mais saura-t-elle pour autant se confier à ses parents lorsque ces derniers, à chaque vacance, lui demandent si tout va bien ?

Par phibes, le 28 novembre 2021

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Notre avis sur Face à la meute

Plutôt réputée pour publier des séries aux thèmes humoristiques, les éditions Bamboo peuvent également se détacher de cette ligne éditoriale pour mettre en exergue des récits aux sujets un peu plus réalistes et plus dramatiques comme celui lié à Camélia. En effet, sous le couvert de ce prénom floral, Nora Fraisse, écrivain patenté, et Christophe Cazenove, scénariste reconnu, s’associent pour traiter d’un sujet douloureux ô combien d’actualité, le harcèlement scolaire.

Pour ce faire, la fiction à laquelle les coauteurs nous intéressent peut se targuer d’être absolument commune au demeurant mais a la subtilité de se focaliser sur un personnage (en l’occurrence la jeune Camélia) dont le quotidien scolaire va être bousculé par un travail de sape réalisé par son entourage et se transformer en un véritable enfer psychologique. Assurément bien investis dans leurs propos (notamment Nora Fraisse qui connaît la thématique pour l’avoir subie personnellement et exploitée au travers de son écrit Marion 13 ans pour toujours), les deux scénaristes nous offre un récit-témoignage qui illustre parfaitement à la faveur d’exemples bien saisis ce traumatisme vécu par de nombreux élèves lors de leur scolarité en présence de détracteurs malfaisants.

Sans toutefois tomber dans le dramatisme outrancier, l’histoire qui résonne véridiquement et favorablement a le privilège de rester dans une tonalité juste et démontre avec une belle sensibilité comment le harcèlement peut se déclarer et se développer, au fil du temps, d’une manière très préjudiciable. On restera donc totalement perméable aux nombreuses émotions suscitées par les agissements du personnage principal, à sa fraîcheur de départ et au malaise qui peu à peu va la grever et qui ne manqueront pas de nous pousser à la révolte.

Fidèle de Christophe Cazenove, partageant avec ce dernier des séries comiques comme Les commerciaux, Les fondus de voitures de collection…, Bloz vient ici faire une belle incartade au style graphique habituel. En effet, l’artiste, assurément très sensible au sujet pour l’avoir même traité, certes plus humoristiquement, dans Seule à la récré, a décidé de se rapprocher d’un trait un soupçon plus réaliste. Le travail qu’il produit est réussi, le message aux accents dramatiques passe dans une belle sensibilité générale avec des personnages tels Camélia bien attachants.

Une thématique d’actualité sur un fait de société remarquablement exploité, qui met judicieusement le doigt là où ça fait mal. A lire par tous, grands pour mesurer la portée parfois tragique du harcèlement scolaire et petits pour le dénoncer.

Par Phibes, le 28 novembre 2021

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