Café Budapest

 
C’est dans la misère que vivent, à Budapest, le jeune Yechezkel et sa mère. Aussi, lorsqu’une lettre de l’oncle Yosef leur parvient de Jérusalem où il les invite à venir le rejoindre, le désir de Yechezkel de répondre à cette invitation l’emporte sur l’avis de sa mère qui ne voulait plus jamais entendre parler de cet homme qu’elle ne considérait plus, depuis longtemps, comme son frère.

C’est pourtant avec joie et sincérité que le jeune homme et sa mère sont accueillis. Si la seconde se renferme sur elle-même et sur le souvenir de son mari disparu dans les camps de la mort, Yechezkel peut lui s’épanouir en aidant son oncle au Café Budapest dont il est propriétaire et en y jouant du violon, instrument auquel il excelle. C’est dans ce café où les représentants de nombreuses communautés se côtoient en toute amitié que Yechezkel va rencontrer la belle Yaiza, aussi…

Mais la politique et les événements vont s’en mêler et venir bouleverser l’équilibre qui existait entre les gens en Palestine. Le communautarisme va alors faire son œuvre, des clans se former, d’anciens amis se séparer ou s’affronter…
 

Par sylvestre, le 30 mars 2016

Notre avis sur Café Budapest

 
Cette bande dessinée, réalisée avec talent en noir et blanc par l’Espagnol Alfonso Zapico, se sert de la fiction et d’un tout petit nombre de personnages pour nous faire revivre un moment où tout bascule, une période bien réelle et bien ciblée de l’Histoire : celle où les Britanniques alors en fin de mandat en Palestine ont laissé le pays sans avoir préparé "la suite" avec les représentants des communautés locales, ce qui a conduit à ce conflit dit israélo-palestinien qui de nos jours encore fait trop régulièrement l’actualité.

Pas de grand homme politique au casting de cette BD, ni de leçon d’Histoire à l’ordre du jour. C’est en entrant dans la vie de gens simples que la situation et les événements nous sont contés. Chaque personnage nous est présenté avec humanité, avec ses talents et ses défauts, avec ses peurs et ses espoirs. Yechezkel et sa mère sont les premiers, vite rattrapés par l’oncle Yosef qui va leur ouvrir la porte de sa maison, à Jérusalem. Puis le cadre s’élargit un peu plus, s’ouvrant sur le Café Budapest, tenu par Yosef, où l’on va croiser bien d’autres gens : des Anglais, des Juifs, des Arabes… En d’autres termes : des représentants des communautés qui cohabitaient jusque là en paix avant que la politique ne vienne s’en mêler.

Quand les choses "tournent" (mal), les personnages agissent selon leurs convictions et suivent chacun leur voie. Or, deux amis mis face à une même situation ne vont pas forcément faire les mêmes choix. Culture oblige… Religion oblige… Mais c’est cela la société, c’est cela, la vie : on ne peut pas toujours être sur la même longueur d’onde que les autres. Et lorsque la guerre advient, l’épée de Damoclès est telle que les choix ne se font plus aussi lucidement qu’on aurait cru pouvoir les faire lorsqu’on en parlait tranquillement en temps de paix…

Café Budapest
est une bande dessinée très bien réalisée, convoquant l’Histoire et son lot dramatique mais bien d’autres choses aussi qui en assurent le rythme, notamment l’humour, l’amour, la musique ou encore l’amitié interculturelle… Plus facile d’accès que Jérusalem, portrait de famille (par Yakin et Bertozzi) qui faisait le même type de récit en s’attachant aussi à une famille en particulier, cette BD signée Alfonso Zapico nous fait revivre par procuration aux éditions Steinkis des événements forts où l’espoir a heureusement toute sa place, nous rappelant qu’au-delà des politiques menées et du poids qu’elles pèsent sur nos vies, toute décision doit être avant tout personnelle et doit être prise en son âme et conscience dans le respect de l’autre.
 

Par Sylvestre, le 30 mars 2016

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