CADRES NOIRS
Avant

Alain Delambre, ancien cadre au chômage depuis quelques années, a été arrêté par la police après que ce dernier ait réalisé une prise d’otage lors d’un entretien de recrutement. Emprisonné, il demande à sa fille Lucie de le défendre lors du procès qui va se tenir prochainement. Que lui est-il arrivé pour en arriver à cette extrémité ? Pétage de plomb ou acte délibéré ? Pour en comprendre les aboutissants, il convient de revenir quelques temps en arrière au moment où, lors d’un cocktail, Dorfman, le grand patron du Groupe Exxyal, présente à ses pairs, Bertrand Lacoste, Pdg de BLC Consulting et spécialiste dans la liquidation d’entreprises. Plus tard, alors qu’il se trouve à faire un petit boulot chez Messageries pharmaceutiques, Alain tombe sur une annonce d’emploi qui correspond en tout point à son profil. Il répond à celle-ci et reçoit bientôt une suite favorable signée Bertrand Lacoste. Tout semble sourire à l’ancien cadre qui cherche immédiatement à mettre toutes les chances de son côté. Mais bientôt, au fil des diverses sélections, sa situation va dégénérer.

Par phibes, le 16 mai 2022

Notre avis sur CADRES NOIRS #1 – Avant

Romancier à succès ayant reçu le prix Goncourt en 2013 pour Au revoir là-haut, à qui l’on doit également la série Verhoven et la trilogie des Enfants du désastre, Pierre Lemaître voit pour la quatrième fois son œuvre adaptée en bande dessinée. Cette fois-ci, c’est son thriller social Cadres noirs, qui a déjà fait l’objet d’une série télévisée intitulée Dérapages, qui est revisité par Pascal Bertho et Giuseppe Liotti dans une version illustrée.

Dès le départ de cette équipée qui est prévu de se décliner en trois épisodes, le ton est donné. En effet, c’est l’arrestation médiatisée d’un individu qui se veut être le personnage central de la saga. Alain Delambre a agi de façon très déraisonnable et on doit découvrir comment et pourquoi, et surtout lever cette part très ambiguë qu’entretient celui-ci eu égard à ses esquives voire son immobilisme dans certains cas.

Le récit qui s’ensuit dénote une réelle architecture. En effet, Pascal Bertho s’est appliqué à dédoubler l’histoire dramatique et obscure de son cadre déchu, en narrant en parallèle ses pérégrinations tourmentées après son arrestation et ce qui l’a amené à sa capture par la police. Jonglant entre le présent et le passé, cette première partie se révèle par sa subtilité, son mystère fortement bien entretenu et son découpage dynamique. Pour l’instant, le questionnement est de mise mais on sait par l’intermédiaire de Dorfman, Lacoste et Fontan, qu’il y a de la malversation dans l’air.

Cette adaptation passe inévitablement par les coups crayons aiguisés de Giuseppe Liotti qui donne, ici, une restitution des malheurs de Delambre particulièrement excitante. L’artiste profite de cette nouvelle aventure pour modifier son univers graphique utilisé précédemment dans La fiancée du Califat et Compte à rebours, se rapprochant visiblement de l’école espagnole, usant d’un trait très légèrement caricatural, un peu à l’instar de celui d’Homs, et d’effets remarquablement convaincants. Il va de soi que le travail très expressif de ce dessinateur est conséquent et qu’il n’a pas hésité à jouer avec sa palette pour marquer les époques en colorisant les planches différemment.

Une excellente première partie d’un triptyque sombre qui a tout pour titiller notre curiosité. Tout de même, c’est du Lemaître !, qui plus est, servi par des artistes du 9ème art à fonds dans leur sujet. Vivement le deuxième volet !

Par Phibes, le 16 mai 2022

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