CA N'ARRIVE QU'À MOI
Livre premier

Prunelle voudrait bien sauver la planète. Elle prend des douches plutôt que des bains, le vélo plutôt que la voiture et elle écrit au dos des photocopies ratées. Elle a aussi décidé de se lancer à son compte comme naturopathe. Bon, comme lui dit son banquier, il a fait le maximum et a pu convaincre sa direction du bien fondé de son projet. “Je ne vous cache pas que j’ai dû mouiller la chemise parce que, automatiquement, la numéropathie, ça les a pas excités plus que ça hein.” Ah, Prunelle… Quelle incomprise. “C’est la naturopathie Monsieur le banquier.”

Et puis, Prunelle est un peu maladroite. C’est la reine des gaffeuses. Pour ne rien arranger, elle mélange les expressions. Ca la met dans des situations gênantes très souvent. Chaque soir, elle appelle d’ailleurs sa vieille maman pour lui conter sa journée. Ca lui change de la télé, sa fille a toujours tant de gaffes à lui raconter. Elle lui rappelle d’ailleurs un peu l’héroïne d’une feuilleton à succès sur Canal 9. A force de répéter cela à Prunelle, cette dernière allume la télévision pour voir. Quelle n’est pas sa stupeur de découvrir que l’héroïne vit exactement les mêmes situations. Les petites phrases, les expressions, sont aussi identiques. Comment cela peut-il être possible ? Prunelle deviendrait-elle folle ? Décidément, tout ça n’arrive qu’à elle !

Par legoffe, le 22 mai 2010

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Notre avis sur CA N’ARRIVE QU’À MOI #1 – Livre premier

Pour son nouvel album chez Futuropolis, Didier Tronchet a opté pour une comédie légère et attendrissante. Son personnage, Prunelle, est – en effet – une femme gentiment à côté de la plaque. Naïve, rêveuse, idéaliste, elle est l’archétype de la gaffeuse, qui ne s’aperçoit de sa maladresse qu’après coup. Prunelle, dès lors, n’en est que plus attachante.

L’auteur nous raconte ainsi son quotidien et nous fait rire de ces situations burlesques. Les dialogues sont souvent savoureux. Tronchet joue beaucoup des expressions de la langue française et offre des échanges particulièrement cocasses. Je pense notamment au “poil d’honneur” chez le banquier. La chute est un moment comique de haute volée. La vie de Prunelle se déroule ainsi, comme une série de sketchs si bien imbriqués les uns dans les autres que cela coule de source. Son passage chez les policiers pour expliquer qu’elle a été agressée par des noirs (elle ne supporte pas le racisme et ne sait pas comment décrire ses agresseurs !) ou encore l’histoire de l’ascenseur et du cercueil ne pourront que vous faire rire. Le sens de la dérision de Tronchet est là, impeccable. Je ne regrette qu’une chose, que le rythme comique descende d’un ton dans la dernière partie du livre, lorsque Prunelle découvre sa vie à la télévision. L’humour est moins présent. Peut être pour mieux repartir dans le tome 2 ?

Côté graphismes, c’est… du Tronchet évidemment. Son style, un brin cubique, est unique, sa patte reconnaissable entre toutes. Après, on aime ou on aime pas. Il a pris le parti de dessiner autrement, loin des styles classiques, ce qui a fait de lui… un classique ! Ses personnages, en tout cas, ont une véritable âme, avec des expressions et des regards qui vous assurent le transfert des émotions. Tronchet a aussi beaucoup travaillé l’ambiance grâce à une belle mise en couleur, variée et toujours choisie avec beaucoup d’intelligence. On sent que rien n’est laissé au hasard.

Didier Tronchet nous sert donc une très jolie comédie dans laquelle les scènes humoristiques sont nombreuses, servies par des dialogues savoureux. Le tout est très naturellement intégré au récit, ce qui ne surprendra personne. Ben oui, quand on est naturopathe, c’est bien la moindre des choses !

Par Legoffe, le 22 mai 2010

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