C’est pas toi le monde

Au premier coup d’oeil, Béné est un garçon de 8 ans et demi à l’air un peu revêche. Replié sur lui même, en retard scolairement, agressif, évitant, toujours méfiant et clairement provocant avec les grands, il est ce que l’on appelle dans le jargon éducatif « un enfant difficile ». De ceux que l’on n’a pas vraiment cherché à comprendre mais plutôt à déplacer comme un problème, et pour qui l’école est un long exode d’établissement en établissement, d’échec en échec.
Renvoyé d’une cinquième école, Béné intègre en plein milieu de l’année scolaire ce qui sera sa dernière chance pour rester dans le système classique : L’Ecole des couleurs, dont le nom sonne comme un espoir. Enjoint par sa mère à ne « pas faire de scandale dès le premier jour », il ne manque pas de se faire remarquer. Et notamment par sa nouvelle maîtresse, Valentine, une jeune femme pas piquée des hannetons, motivée, entière, sensible et investie qui entend bien ne pas baisser les bras face et l’aider à prendre confiance en lui.

Une belle leçon (pas scolaire du tout) de ce que devrait être aussi, au delà de l’apprentissage des connaissances, l’éducation.

Par Anaïs, le 19 mars 2015

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Notre avis sur C’est pas toi le monde

Si Tim Burton se mettait à la BD, peut-être le dessin se rapprocherait-il de celui de Raphaël Geffray ?!… En effet, à paraître chez Futuropolis, ce one-shot frappe avant tout par son univers graphique en noir et blanc dont l’atmosphère qui s’en dégage et les personnages qui le parcourent ne sont pas sans rappeler l’univers étrange et mélancolique du dessin animé Les Noces funèbres, et rendent compte de ce qui est avant tout le coeur du livre : le mal être profond de Béné, cause véritable de son décrochage scolaire.

Aussi, en alternant des planches claires aquarellées -ou plutôt en lavis de gris- avec des planches au style plus griffonné, l’auteur donne à voir le quotidien de Béné, tantôt réel, tantôt rêvé, mais toujours habité par une figure monstrueuse qui ne le quitte jamais, le hante et le poursuit de ses cauchemars jusque dans son cartable sous la forme d’une masque terrifiant. Dans ces pages au dessin dense et irrégulier, comme des gribouillis d’enfant, les traits rageurs sont les cris, stridents, viscéraux et indomptables qui expriment les sentiments profonds ressentis par Béné vis-à-vis du monde et de lui-même.

Car si Béné est un élève violent, c’est peut-être avant tout parce qu’il manque d’attention et d’affection. Coincé entre une mère distante davantage préoccupée par ses conversations téléphoniques ou la recherche d’un hôtel avec spa, hammam et boite de nuit et un père absent, Béné trouve ses compagnons dans le monde irréel de la télévision et des jeux vidéos. Des écrans avec le monde, rassurants, substituants, mais qui ne lui renvoient de lui que le reflet d’une condition de solitude désincarnée d’amour. L’école et sa maîtresse Valentine arrivent comme une planche de Salut pour cet enfant qui a juste envie qu’on l’aime.

Malgré une lecture qui se veut un peu rapide, C’est pas toi le monde offre un hommage sincère à l’école, une ode aux bonnes rencontres et à la force de leur pouvoir, à la patience et à l’engagement. Un joli premier bouquin humaniste qui révèle une sensibilité graphique et scénaristique prometteuse.

Par Anaïs, le 19 mars 2015

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