C'est du sport

Recueil de sept histoires, C’est du sport dépeint une Espagne féroce et souvent cruelle avec le quidam ! Un enchainement de situations parfois ubuesques, pleines d’humour noir !

Par v-degache, le 26 janvier 2021

Notre avis sur C’est du sport

C’est du sport est la troisième BD du Galicien Miguelanxo Prado, après Demain les dauphins, et Stratos. En France, ce sont ses chroniques rassemblées sous le titre de Chienne de vie qui font l’objet d’une première parution en 1988, révélant cet auteur auprès des bédéphiles de l’Hexagone.

BD éditée en format souple chez Les Humanoïdes associés en 1989 (initialement publiée en Espagne en 1985-1986), le choix de la traduction ainsi que la couverture induisent en erreur. En effet, la version originale ne parle pas de sport mais de Crónicas Incongruentes, soit « absurdes », « incongrues » ! Quant à la couverture, elle fait référence à la première histoire, « Stade final », mettant en scène un match au sommet de marelle, dégénérant en un A mort l’arbitre, Eddy Mitchell en moins, mais avec du Mocky dedans, à travers la satire féroce des dérives engendrées par les joutes sportives.
C’est toutefois la seule incursion dans le monde du sport de la BD !

Le reste de l’ouvrage et de ces courts récits est constamment teinté d’humour noir, cynique et féroce, dans une Espagne post franquiste, lancée dans la quête du rattrapage économique, ses voisins européens en ligne de mire ! Mais les dominants sont ici très hétéroclites… et surprenants ! Ménagères de moins de cinquante ans pour contrôler un supermarché, temple de la consommation, garagiste sans foi ni loi, fleuriste bodybuildée, ou bien vieilles dames façon Tatie Danielle, Prado nous surprend avec une galerie de personnages particulièrement variés et pittoresques. Son trait particulier est déjà bien affuté et identifiable, avec des visages tantôt anguleux aux nez proéminents, parfois même difformes et torturés, ou bien beaucoup plus réalistes.

On dévore ces histoires de C’est du sport aux scénarios très inventifs, nous bousculant le plus souvent dans notre confort de lecture. Pas besoin d’attendre l’album de la confirmation ! Le talent de M. Prado éclate dès ce premier recueil d’histoires, qui se relit sans subir le poids des années !

Par V. DEGACHE, le 26 janvier 2021

Publicité