Burn Baby Burn

" 3 générations de flics dans les émeutes de L.A. …
11 août 1965, une vague de chaleur submerge Los Angeles ; les esprits s’échauffent ; une altercation éclate entre un policier blanc et une famille afro-américaine dans le quartier majoritairement noir de Watts ; les émeutes se répandent comme une traînée de poudre. Mais Syd Bonnano, jeune flic brillant tout juste promu, et son père Stan, policier lui aussi, ont d’autres chats à fouetter : un maniaque profite du chaos pour carboniser des prostituées et leurs macs.
27 ans plus tard, le 29 avril 1992, LA s’embrase à nouveau après l’acquittement de 4 policiers blancs qui ont passé à tabac Rodney King, un citoyen noir qui avait fait excès de vitesse. Là encore, une série de meurtres sont perpétrés selon le même modus operandi : immolation par le feu. Mais cette fois-ci, toutes les victimes sont des flics qui ont servi (ou sévi ?) lors des émeutes de Watts. Ces meurtres ont-ils un lien ? Que s’est-il réellement passé en 1965 qui aurait poussé Syd à rendre définitivement son insigne ? Pourquoi sa fille, Ève, officier de police elle-même, ne lui parle plus ?"
Présentation éditeur

Par fredgri, le 14 janvier 2023

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Notre avis sur Burn Baby Burn

"Burn Baby Burn", je ferme la dernière page de cet imposant et impressionnant volume et j’en reste encore un peu estomaqué !

240 pages d’explosions, d’émeutes dans les rues de Los Angeles, de violences qui poussent de simples citoyens à se protéger, tremblant derrière leur porte. Une tension permanente qui anime toutes les pages, pratiquement dès le début. Deux époques bien distinctes, 1965 et 1992, mais des ambiances de folie similaires. Une communauté noire qui explose, crachant toute cette rage accumulée depuis des décennies de mépris blancs, marquées par ce racisme dégoulinant qui gangrène le pays. A ce fond extrêmement sombre qui rythme tout l’album, Lorenzo Palloni ajoute une intrigue policière autour d’étranges meurtres qui résonnent sur les deux temporalités. Quel est le lien entre ces deux séries d’assassinats ? Pourquoi les victimes de 1992 sont des policiers ayant participé aux émeutes de 62 ?
Plus on avance, plus les multiples intrigues se mélangent, plus ces mystères s’épaississent, mais moins on cherche aussi à véritablement s’attarder sur le cour des évènements. Tout est chaos, même si l’on devine un travail de documentation, de construction particulièrement précis qui reste fascinant. Car ce qui marque le lecteur, c’est cette impression de plonger dans une urgence qui le prend aux tripes. On passe d’une scène à l’autre sans prévenir, on saute en arrière, seulement guidé par les couleurs. Bleue pour 62 et orange pour 92. Pas la peine d’aller beaucoup plus loin, tout s’enchaîne, il faut suivre.

Comment tout cela a-t il commencé ? Comment cela s’est-il vraiment terminé ? On a quelques phrases pour replacer le contexte et ses répercussions, mais Lorenzo Palloni ne s’y attarde pas plus que ça, c’est un cadre dans lequel il va surtout développer les multiples trajets humains qui vont s’entrechoquer au fil des ces pages. C’est très habile car cela force l’immersion immédiate.

"Burn Baby Burn" est une véritable claque qui ne laisse absolument pas indifférent. La lecture est dense, il faut régulièrement reprendre son souffle. On est époustouflé par l’exploit de l’écriture, sa rugosité, son aspect sec et tranchant, par la virtuosité graphique de l’artiste qui dose magnifiquement ses lumières, ses cadrages, le rythme de ses planches… C’est une vraie leçon de bande dessinée passée un peu trop inaperçue à sa sortie, étrangement.

Je ne saurais assez vous conseiller de rapidement redécouvrir cet album d’une puissance rare !
Un indispensable.

Par FredGri, le 14 janvier 2023

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