Bruxelles 43

Pour aider sa mère à faire le tri dans ses affaires, avant de déménager, Kathleen Van Overstraeten va fouiner dans le grenier et découvre, soudain, un lot de planches de BD mettant en scène une parodie d’Adolf Hitler ! Ces planches ont été confiées au père de la jeune femme, par un ami dessinateur qui se moquait ouvertement du dictateur pendant la guerre, convaincu qu’il fallait coute que coute se battre par les images, tournant ainsi le dos à cette presse qui pactisait avec l’ennemi, ainsi que des auteurs comme Hergé ! Kathleen se souvient alors de cette période douloureuse de sa vie à « Brussels » en 1943, alors que son père se retrouvait, bien malgré lui, impliqué dans une histoire de publication clandestine…

Par fredgri, le 25 septembre 2020

Notre avis sur Bruxelles 43

Après Sourire 58 et Léopoldville 60, nous retrouvons Kathleen, L’héroïne de Patrick Weber et Baudouin Deville, qui nous raconte, cette fois, le Bruxelles de son adolescence, alors qu’elle n’avait que 12 ans en 1943, pendant l’occupation. C’était une époque très difficile, elle vivait alors avec ses parents, en composant avec les bombardements, les restrictions alimentaires, les dénonciations et les soirées animées, alors qu’elle préférait passer du temps avec ses amies.
L’adolescente est alors bien plus un témoin qu’une réelle héroïne, elle observe ce monde d’adultes qui vit sous tension. Mais par ses yeux, nous plongeons aussi dans un récit très prenant qui tourne autour d’un artiste qui choisit de ne plus faire de concession et d’essayer de vendre ses planches séditieuses aux journaux qui pourraient l’accepter. Mais évidemment il est difficile pour chacun de s’engager dans cette voie, de moquer frontalement le régime nazi…

Avec ce troisième volume, Patrick Weber et Baudouin Deville continuent d’observer la Belgique dans toute sa complexité et ses paradoxes, une Histoire pleine de contrastes, de courage et de lâcheté ! Ils s’attardent alors sur le quotidien de cette population bruxelloise, déchirée entre résistants et partisans collaborationnistes dont il faut sans cesse se méfier, qui vont même jusqu’à aller noter les noms suspects sur les boites aux lettres pour ensuite aller les dénoncer à l’occupant ! La moindre information est alors rétribuée !!!
Weber est historien, il construit une intrigue très précises, basée sur des témoignages, des photos d’époque… Une documentation très riche mise en valeur par un passionnant dossier final qui insiste sur le contexte, sur l’Histoire, la réalité des faits ! Autant le dire, on apprend énormément de choses, en parallèle du récit !

Pour accompagner le récit, Baudouin Deville livre des planches absolument magnifiques, elles aussi, fidèles aux lieux, très documentées. Son trait est souple et vivant, ses dessins évoquent un esprit très années 40/50, avec une pointe de modernité très propre, très nette. Du très très beau travail !
D’autant qu’encore une fois, il est accompagné par les superbes ambiances colorées de Berengère Marquebreucq qui rythme ces planches de sa subtile patte graphique, insistant sur les lumières, sur des atmosphères plus particulières, comme lors du bombardement, par exemple. Une très belle prestation !

Et même les auteurs ne peuvent éviter un certain manichéisme très naturel, le scénario reste passionnant et très immersif. Il nous invite à redécouvrir la violence qui ravagea l’Europe pendant ces années, tout en révélant la force de la résistance.
Un très bel magnifique, fort et intense !

Par FredGri, le 25 septembre 2020

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