Bratpack

(Bratpack 1 à 5)
L’histoire prend place à Slumburg, une ville américaine ou opère un groupe de super héros nommé les "Black October", des héros qui sont apparus après la disparition mystérieuse du Maximortal, le héros ultime !
Ils sont quatre et ont chacun un sidekick (c’est à dire un jeune héros qui les assiste, à la manière de Robin pour Batman !). Seulement voilà, le mystérieux Doctor Blasphemy réussit à éliminer d’un coup ces jeunes héros, leur "maître" doivent dorénavant en recruter des nouveaux ! Mais ces jeunes recrus découvrent rapidement l’envers du décor, la réalité qui se cache derrière les exploits de ces héros adulés par tous…

Par fredgri, le 19 janvier 2014

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Notre avis sur Bratpack

Bratpack, en 90, est le premier projet de Veitch qui était sensé préfigurer ce qu’il appela le "King Hell Heroica", une série d’histoires racontant sa vision du super-héros, publiée par sa propre boite d’édition King Hell Press ! Après l’autre mini série Maximortals qui a suivi et les deux one shot BratPack/Maximortals, il semblerait que le King Hell Heroica soit définitivement tombé à l’eau !

Le propos de Bratpack est assez simple en soi, il explore la relation qu’entretiennent ces héros avec leur sidekick, ce rêve de puissance qui anime cette volonté de devenir eux même des héros, tout en permettant à Veitch de s’interroger sur l’homosexualité, le masochisme, la domination, la pedophilie, le fascisme inhérent dans une certaine vision du comics book moderne !
Pour se faire il reprend le terme "BratPack" employé pour désigner ces jeunes acteurs américains qui faisaient fureur dans les années 80 (qu’on retrouvait dans Breackfast Club, St Elmo’s fire, Outsiders etc.) et qui pourrait se traduire par "Bande de sales gosses". Le choix est des plus judicieux car justement il est bien question d’une bande de jeunes super héros balancée sous les projecteurs, qui sont grisés par le succés. Mais c’est aussi le parfait moyen de regarder ce phénomène des sidekick de l’intérieur.

Évidemment Veitch n’y va pas par le dos de la cuillère, c’est violent, très irrévérencieux et souvent assez extrême. Toutefois ces excès ont aussi l’avantage de ne pas prendre de pincette pour parler d’une industrie qui alimente l’ambiguïté avec des héros qui véhiculent souvent des imageries discutables. Tout est bien sur plus subtile que ce que dépeint Veitch, néanmoins il soulève tout un tas de questions fascinantes sur l’état des comics book du "modern age". Mais à l’orée des années 90 il s’inscrit surtout dans la même remise en question que Watchmen, Dark Knight (DC), Miracleman (Eclipse), New Statesmen (Fleetway)… Cette génération d’auteur qui décide de prendre du recul par rapport à l’histoire, ces héros et cette industrie, ou l’image du héros a évolué, son impact sur la société, le merchandising… Nous entrons alors dans une nouvelle phase plus adulte, plus cynique. Une phase qui va ensuite amener à la création de Vertigo, par exemple !

Veitch, à cette époque, sort d’un conflit avec DC qui lui a refusé un script très ambitieux pour Swamp Thing. Résolu à prendre sa revanche sur ce petit monde il va lancer les brulots que sont Bratpack et Maximortals.
Le scénarios de Bratpack est astucieux, quoique très vite focalisé sur le concept seul, plutôt que sur le développement d’une véritable histoire, ou des personnages. Cela reste intéressant car sans concession. A aucun moment l’artiste ne va s’éloigner de son propos, résumant la relation de ces héros avec leur jeunes acolytes comme un jeu malsain de domination, souvent prétexte à défouloir et autres humiliations. Évidemment, c’est du raccourcis quelque peu expéditif, on le devine rapidement, d’autant qu’il y a aussi beaucoup d’amertume dans la démarche… Mais cette vision reste très pertinente, car elle soulève d’autres questions sur les éditeurs eux même, sur les ressorts de cette industrie qui s’alimente de tout ces cauchemars !

Bratpack est à prendre avec des pincettes, car comme souvent avec ce genre de projets, cela manque sérieusement de subtilité ! En tout cas Veitch est en pleine forme, tant scénaristiquement parlant que sur le plan du graphisme !
Malgré tout Bratpack est encore aujourd’hui considéré comme un classique de la contre culture en matière de comics, ses rééditions successives (qui ont permis aussi à Veitch de rajouter des planches, de préciser la fin…) ont toujours très bien marché !

Une vraie référence à mettre sur le même podium que les chefs d’œuvre de Moore ou de Miller !

Par FredGri, le 19 janvier 2014

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