Brancaccio

Nino est un petit garçon qui habite Brancaccio, un quartier de Palerme, en Sicile. L’avenir n’y est pas rose pour la jeunesse, alors il suit les cours d’alphabétisation de Marco qui veut les mener, lui et d’autres, jusqu’au certificat d’études.

Nino est timide, il n’est pas bagarreur, mais il dit cependant aimer être avec ses copains même s’ils l’embêtent tout le temps ou bien insultent sa mère. Il aimerait se faire mieux accepter par eux, alors parfois il fait ce qu’ils lui disent de faire, ou participe avec eux à des actes de délinquance…

Le père de Nino, lui, ne ramène jamais beaucoup plus qu’une dizaine d’euros par jour. Sa femme, Angelina, essaye bien de lui obtenir un emploi de balayeur pour la commune, mais ce n’est pas simple, avec tous ces rapports entre les gens, ici. Si tu les connais ou si tu ne les connais pas. Surtout ceux de la Mafia…

Un jour, Nino se fait prêter un scooter. Malheureusement pour lui, il a un accident…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Brancaccio

Les deux auteurs de Brancaccio sont nés à Palerme. Inutile, donc, de préciser qu’ils connaissent bien la ville et ce qu’il peut s’y passer. Même ce qui ne doit pas se dire.

Avec courage, puisqu’ils vivent toujours là-bas, ils ont associé leurs talents pour nous parler de l’omniprésence de la Mafia, cette pieuvre sociale qui fausse tout, qui se mêle de tout et menace puis frappe quand les choses ne tournent pas comme elle le voudrait…

Les différents chapitres ont pour titre des prénoms. Ils s’attardent plus particulièrement sur un personnage. Lorsqu’on passe au second, on se demande tout d’abord si ces chapitres sont indépendants ou s’ils dressent des portraits isolés. Puis la réponse arrive, logique : des flashbacks relient les épisodes en même temps qu’à nos yeux, ils relient les personnages entre eux (liens de parentés, d’amitié, de soumission…)

Le malaise de la vie à Brancaccio transpire dès les premières planches. Nino n’est pas à sa place. Alors, pour équilibrer cette vie qu’il aimerait fuir, il se raccroche au souvenir de gens qu’il apprécie, tels feu le Padre Pino Puglisi (« 3P »), ou rêve de partir, parlant toujours d’un même train qu’il prendrait un jour pour quitter Palerme, un train dans lequel il serait tout seul…

Le dessin, en noir et blanc, est à la fois emprunt de cette liberté souhaitée, et suffocant : il alourdit les scènes embarrassantes comme cette entrevue avec Do Santo autant qu’il apporte la fraîcheur de l’ombre dans une Palerme qu’on peut deviner écrasée de soleil… Le trait du dessinateur est juste, tout simplement. Et c’est à merveille qu’il véhicule les émotions souhaitées par le scénariste : cette histoire est vraiment poignante !

La BD est complétée par un cahier proposant différentes parties, revenant sur la Mafia, ses pratiques, les gens qui se lèvent pour ne pas se laisser intimider par elle, sur ceux qui en sont morts, aussi…

Brancaccio est une chronique sociale très intéressante et très touchante de par son traitement nous ayant rapprochés d’identités et non pas global. C’est enfin un témoignage important, d’autant plus que la Sicile n’est qu’à quelques centaines de kilomètres de chez nous…
 

Par Sylvestre, le 10 mai 2008

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