Une enquête de Sally Salinger

Où l’on retrouve les principaux personnages de Castilla Drive dans une nouvelle enquête, à l’ombre d’une ancienne centrale nucléaire abandonnée…

Par melville, le 13 février 2014

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Notre avis sur Une enquête de Sally Salinger

« Hey Miss détective, les douceurs sont amères. Sur la rouille et le béton, ta rivale file et t’échappe. Elle est si belle, les hommes veulent l’aimer, les hommes veulent la tuer. Hey Miss détective ait pitié d’elle, soit magnifique. Les enfants dansent, les enfants pleurent, tu es la détective, je suis le poète. »

Sans que la mention « tome 2 » apparaisse sur l’album, la filiation de Bonbons atomiques avec Castilla Drive est évidente par la composition de sa superbe couverture au second plan de laquelle on aperçoit Sally Salinger dans l’ombre d’une autre femme. L’album commence sur une pleine page faisant directement écho (construit en négatif) à celle qui ouvrait le récit dans Castilla Drive : le ciel est dégagé, pas de vent comme le figurent les palmiers. Le bâtiment du Trituro fitness barre le paysage derrière le panneau publicitaire où on peut y lire « Entrenador personal ». On entre dans le centre de remise en forme, les hommes font de la musculation, les femmes se font masser et surgit à la troisième page, debout, les bras tendus braquant un révolver sur une cible d’entrainement, Sally Salinger. Une formidable entrée en matière qui illustre bien le talent de metteur en scène d’Anthony Pastor. Le révolver, symbole phallique de puissance et incarnation du détective est également relié au souvenir de Robert (le mari parti sans explication). Avec lui c’est le passé de Sally qui refait surface et bientôt la chaleur de l’été devient étouffante de cette moiteur annonciatrice de troubles et de malheurs. Après le climat hivernal de Castilla Drive on renoue avec l’aridité de Las Rosas, superbe !

Le qualificatif de metteur en scène n’est pas galvaudé en ce qui concerne Anthony Pastor et son influence est double. Du théâtre il garde le sens du décor, qu’il se niche dans les détails (un bronze de cerf miniature trônant à côté du téléphone, un faux palmier posé sur le téléviseur, on pourrait en citer beaucoup d’autre) ou dans un cadre plus général avec cette idée d’une centrale désaffectée comme lieu de repère de jeunes ados. Du théâtre, l’auteur empreinte aussi sont grand sens de l’écriture, les dialogues (parfois complexes à gérer) sonnent toujours juste. Du cinéma on retient le sens du cadre notamment au moment des gros plans partiels sur des enseignes lumineuses, et avec les myriades de lumières dans la nuit, on est chez Michael Mann. On retrouve également des procédés de mise en scène où la voix off sert de pont sonore entre deux scènes.

Très belle idée que celle d’un canal asséché que l’on trouvait dans Le Point de non retour de John Boorman, film de 1967 avec lequel Bonbons atomiques entretient dans une certaine mesure des liens étroits. Sans vouloir « écraser » le récit d’Anthony Pastor sous la référence, on retrouve cette structure de « faux polar » où la tonalité des couleurs de chaque scène guide l’émotion et où le personnage principal se confronte à une « Organisation », dans Bonbons atomiques le père de Gabriel fait main basse sur la ville en masquant des déchets radioactifs et en distribuant des bonbons aux effets douteux…

Faisant fi des modes et des courants du moment, Anthony Pastor remporte haut la main le défi de faire vivre Sally Salinger et ses proches tout en racontant une « vraie histoire ». Hey Miss détective, soit magnifique.

Un must à posséder d’urgence !

Par melville, le 13 février 2014

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