BLUE ESTATE
Tome 1

En ce samedi après-midi, la porte du bureau du détective Roy Devine Jr laisse le passage à l’impulsive et non moins sculpturale Rachel Maddox, la femme du cinéaste hollywoodien Bruce Maddox. Cette dernière est en pétard et le prouve aisément à l’enquêteur qui semble ne pas avoir tout compris sur ce qui se passe dans le giron de la belle. En effet, sa brute de mari, connu pour ses frasques douteuses hors tournage, cache des activités de tueur, n’hésitant pas à s’acoquiner avec la mafia russe, elle-même en affaire avec la pègre de la côte ouest. Dirigée par Don Luciano, cette dernière est le centre d’intérêt permanent du LAPD et son responsable Roy Devine, le père du détective. Assurément, le quartier d’Hollywood est une fourmilière impitoyable où le crime a sa place.

 

Par phibes, le 29 octobre 2011

Notre avis sur BLUE ESTATE #1 – Tome 1

Les éditions Ankama ont décidé de frapper fort en publiant Blue Estate, un recueil à la sauce comics décapant qui ne s’embarrasse pas d’aucun préjugé et qui nous jette à la figure une vision pour le moins sombre du légendaire quartier de Los Angeles au travers de personnages incisifs noyés dans des malversations torrides.

A la manœuvre, on trouve Viktor Kalvachev, qui, pour cette occasion, a pris sous sa houlette le scénariste Andrew Osbone. Fort de cette association, l’aventure aux allures de polar s’emballe dès le départ après un préambule qui prépare psychologiquement le lecteur et nous emmène, dans une effervescence infernale et une rythmique soutenue, au gré d’un balayage continu de situations liées à des personnages peu ragoûtants. Usant d’un chapitrage aux accents publicitaires sciemment morbides et sarcastiques, ce premier épisode dévoile le côté sombre de la ville du cinéma, un côté maléfique où la brutalité, le crime, le sexe, la drogue, les trafic en tout genre, ont cours.

L’évocation est certainement puissante, énergique, se révélant dans une véritable débauche d’actions et de violence gratuite au cœur de laquelle on attend que s’installe quelque peu l’intrigue. Les scénaristes donnent ici une sorte de vision panoramique des bas-fonds hollywoodiens dans des tranches de vie lugubres où personne, du super-flic au chef de la mafia en passant par la stripteaseuse bimbo héroïnomane, ne semble épargné. Aussi, la moralité est laissée au placard, l’histoire préférant des circonvolutions hautement malhonnêtes.

La partie graphique est assurée par pas moins de 3 illustrateurs, non compris Viktor Kalvachev qui signe notamment la couverture aguichante et les pages intermédiaires de l’album. Il s’agit de Toby Cypress, Nathan Fox et Robert Valley qui constituent un trio complémentaire dans la manière d’animer les actions. Se relayant sans réelle difficulté, ils se meuvent dans une évocation au vitriol, utilisant un trait rapide, caricatural, déformant. Le message est de fait sans équivoque, résolument tourné vers la violence caractérisée ou le désarroi.

Un premier opus sombre et violent pour une thématique aux accents policiers efficace et sans appel, réalisé par un collectif bien motivé à secouer la sensibilité des lecteurs.

 

Par Phibes, le 29 octobre 2011

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