Une ballade silencieuse

Vivant sur une île isolée, en pleine harmonie avec la nature, au sein de son village de pêcheur, une belle jeune fille voit un jour débarquer des soldats dans leur hélicoptère. Ils brulent tout sur leur passage, massacrent tout le monde, et la jeune fille ne doit son salut qu’à la fuite. Accompagnée par son chien, la voilà de l’autre côté de l’île, puis à bord d’une barque traversant les océans…

Par fredgri, le 8 décembre 2010

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Notre avis sur Une ballade silencieuse

Fin activiste de l’art, Eric Drooker a su, d’une part, se lancer dans un travail très engagé d’illustrateur (notamment dans World War 3, le New York Times ou le New Yorker), mais aussi au travers de quelques rares albums d’une très grande clairvoyance sur la société moderne. Nous avions eu l’occasion de le découvrir avec Flood, un récit muet, très poétique. Ici il réitère sa démarche, reprend ses thématiques et, au travers d’un récit somme toute assez "basique" nous propulse dans un monde ou s’opposent deux styles de vie très éloignés.
La jeune fille évolue dans un cadre de vie très naturel, ou on ne consomme que ce qui nous est nécessaire, ou l’on partage, on prend son temps, on a un espace sain et en harmonie avec la nature. Tout cela est radicalement bouleversé le jour ou des militaires viennent tout saccager.

On devine le parallèle avec le Viet-Nam, mais ça s’arrête là, car ce qu’il faut retenir, dès le début, c’est l’essentiel, le geste, l’expression. Le lecteur ne cherche pas à connaître les détails, les raisons, il ne garde uniquement que le sens profond de l’image en elle même. La jeune fille, son village ravagé, sa fuite, sa traversée et la découverte de cette mégalopole déshumanisée. Drooker transforme ainsi un simple récit en véritable fable moralisatrice faussement naïve.
Certes le propos ne va finalement pas super loin, les sociétés modernes qui s’acharnent à détruire les derniers bastions naturels tandis que grossissent ces villes ou l’être humain s’éteint lentement, mais Drooker va plus loin, mine de rien. Progressivement, de par son style carte à gratter, il glisse des représentations qui nous ramènent aux traces, aux figures que l’on trouvaient dans les grottes, jadis. La jeune fille s’élance, devient une silhouette blanche, semble danser, elle se transforme en mouvement, en figure fondamentale, elle représente cette liberté ivre d’énergie, d’air frais. Dans la ville elle finit par s’épuiser, mais elle retrouve son souffle avec l’expression de l’Art…

Cet album, qui se lit assez rapidement, garde donc une énergie essentielle, révélatrice. Il parle, sans détour, de cette flamme qu’il faut préserver et perpétuer, de cette liberté sans frontière qu’il nous faut absolument maintenir.
Un album à avoir, tout simplement !

Par FredGri, le 8 décembre 2010

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