Block 109

A Munich, le 22 Mars 1941, le chancelier Hitler est assassiné par un tireur embusqué qui porte à son poignet une marque : 0109.
Il s’ensuit un bouleversement politique à la tête du Reich, de nombreux cadres du parti tels Goering, Bormann ou Hess sont arrêtés et exécutés. Himmler devient chancelier et Reinhardt Heydrich devient Reichfürer et dirige la S.S.
Les ambitions personnelles et la lutte pour le pouvoir existent toujours et Himmler crée en mars 1943 le Nouvel Ordre Teutonique pour contrebalancer l’influence grandissante de son ancien bras droit, Heydrich.
Le 5 juin 1943, le feu nucléaire s’abat sur les Etats-Unis et les Iles Britanniques.
En juillet 1944, la Wehrmacht envahit la Russie mais se heurte à une farouche résistance de l’armée rouge.

Par olivier, le 9 janvier 2010

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2 avis sur Block 109

10 ans plus tard, la guerre se poursuit et les combats se déroulent désormais sur le territoire allemand. La Wehrmacht reculant devant la poussée soviétique, l’armée rouge arrive aux portes de Berlin.
Dans une ville en ruine, ravagée par les bombardements, une-avant garde allemande se fait accrocher par des chars et des exo tanks russes, les soldats trouvent refuge dans le métro, là où les russes ne vont jamais mais où les attend un danger plus mortel que les soldats ennemis.
Ces … choses qui rodent dans les couloirs et les tunnels du métro sont issues d’une manipulation virale. En voulant créer le super soldat, les nazis ont créé une arme maléfique, un virus terrible, instable, une horreur qui transforme ceux qui l’absorbent en monstres incontrôlables, violents et cannibales.
Machination dans la machination, conspiration, mensonges et chantage au sein du parti. En s’appuyant sur les caractères et la psychologie de personnages historiques réels parmi lesquels il introduit des personnages fictifs, Vincent Brugeas réussi le pari de construire une trame historique crédible.
Le scénario de cette uchronie est apocalyptique et la fin du monde ne sera pas un accident. Un des protagonistes a calculé, programmé et voulu cet embrasement final et sa détermination fait froid dans le dos.
Un seul homme, à l’esprit machiavélique et manipulateur a la toute puissance, le droit de mort sur tout ce qui reste de la population mondiale après dix ans de guerre.
Pour parvenir à ses fins il écrase et tue sans pitié ses adversaires comme ses hommes dans le seul but d’achever le monde tel qu’il est devenu pour que renaisse une nouvelle humanité, des hommes et des femmes soigneusement choisis par lui et enfermés, protégés dans un bunker, le block 109, à l’abri de l’attaque nucléaire et virale majeure qu’il va entreprendre.
La construction très nerveuse du scénario, rythmée par une chronologie temporelle précise qui fait monter la tension du lecteur et son attente, alliée à la trame complexe de l’histoire font qu’il est impossible de lâcher l’album.
Les fils s’entremêlent à dessein et ce qui parait simple est finalement tortueux. Lorsque l’on croit avoir cerné un personnage une révélation ou un acte fait qu’il nous échappe, ce n’est qu’en approchant du dénouement que les vrais caractères se révèlent, un peu comme dans les matriochka.
Le scénario, qui alterne entre trois protagonistes, Zytek, chef du Nouvel Ordre Teutonique, Heydrich chef de la S.S, tous deux animés de noirs desseins mais avec un objectif qui les oppose et enfin le suivi d’une section de soldats allemands, confrontée à l’horreur et dirigée par un sergent qui n’est peut-être pas ce qu’il semble être, le tout savamment orchestré par un Vincent Brugeas brillant ne laissera pas le lecteur indemne.
Le dessin de Ronan Toulhoat qui n’hésite pas, pour ajouter de la crédibilité et de l’épaisseur aux personnages à reproduire, pour ceux ayant réellement existé, leurs traits réels est d’une simplicité apparente superbe. Mis en valeur par une mise en couleur très légère, on se laisse porter d’une case à l’autre par son trait.
Tous les sentiments qu’il arrive à faire passer à travers les regards, les visages où l’on ressent l’émotion bien mieux que par les phrases, contribuent à faire de la lecture de cet album un moment saisissant.
Chacun pourra, bien sûr, réfléchir à la portée philosophique des questions soulevées par l’auteur.
La lecture est multiple, c’est grand, c’est puissant, c’est violent, beau et terrible à la fois, tout comme ces hommes pour qui on éprouve de la répulsion mais qui sont malgré tout héroïques et fraternels.

Un album où l’émotion est réellement au rendez vous.

Par Olivier, le 9 janvier 2010

L’ensemble est d’excellente facture, tant du point de vue des dessins, magnifiques, dans une monotonie de tons gris et ocres uniquement brisée par l’apparition du rouge sang, que du point de vue du scénario et de l’univers bien travaillé et denses. Il m’a fallu plusieurs lectures pour comprendre qui était dans quel camp, qui trahissait qui, et pourquoi.

Le dessin est soigné, léché, bien maitrisé, dans un style tout à fait reconnaissable.Le peu de couleurs utilisées nous renvoie immédiatement à cette époque révolue où le monde se couchait sur photos en dégradés de sépia ou en noir et blanc. Cette palette de couleurs correspond bien à cette atmosphère de fin du monde, de dernier baroud de l’humanité.
Ces derniers jours des hommes se passent dans une ambiance sombre, de ciel obscurci, avec un soleil qui ne fera finalement son apparition que durant les dernières heures du récit comme pour mieux saluer le changement qui se profile à l’horizon, même si en l’espèce, mère nature n’en sortira pas forcément grandie.
Le rouge sang, utilisé par petites touches, que ce soit pour mieux dépeindre les derniers instants des personnages fauchés comme les blés par leur destin, ou pour renforcer la pesanteur du décorum et de la symbolique nazie teinte à sa façon cet univers et indique bien la couleur de l’album, violent et désespéré.
Saluons enfin le soin consacré au détail que ce soit des habits, des lieux ou des armes mises en jeu, tout est historique, ou, a-historique mais de qualité.

Le scénario quand à lui est efficace. Il emprunte néanmoins un certain classicisme dans les moyens et les ambitions des personnages mais se rattrape par sa clairvoyance et sa méticulosité. Nous ne sommes pas ici en face d’un énième opus où, sous prétexte d’uchronie, on part dans un grand n’importe quoi grand-guignolesque. Ici l’univers est fouillé, construit, détaillé, tant du point de vue de la trame du récit que des personnages.
Les personnages, parlons en.
Ici, l’élite du 3ème Reich côtoie les "anonymes" perdus au milieu des bouleversements de ce monde en déclin.
Prenez les pires bourreaux que l’humanité a porté, une litanie de noms en "H", grossissez à peine le trait pour certains et vous obtenez une bande de salopards ne reculant devant rien pour asservir le monde, pour écraser son frère, son voisin, son ennemi sous sa botte. Chacun de ces tristes sires se montre fidèle dans son comportement par rapport à l’histoire, Heydrich est une toujours ordure, Canary doute toujours de sa loyauté, etc…
Certains personnages qui, historiquement, se sont opposés à Hitler (disparu dans l’histoire) rejoignent là aussi les rangs de la rébellion face à l’horreur annoncée.
Quoiqu’en voulant en éviter une, n’en déclenchent-ils au final pas une autre ?
On retrouve donc tout le gotha nazi, se trahissant, s’assassinant, louvoyant entre deux eaux tout au long de l’histoire, ou de l’Histoire si vous préférez.
L’auteur prend un malin plaisir, tel Quentin Tarantino dans "Inglorious Basterds", à les trucider par pelletées au gré de ses envies et au service de l’avancée de l’action. Nul ne semble invulnérable. Qui en sortira indemne ?
Au final, les plus pourris ne se révélant pas être ceux que l’on croyait.
Mais tout n’est pas noir, quelques lueurs d’espoir transparaissent ici ou là. Flammes incertaines et vaillantes face au cours des choses, un rien suffirait à les éteindre, cet espoir étant surtout porté par des "anonymes", des hommes de l’ombre ou des anciennes victimes.

Des personnages aux petits oignons et à la personnalité travaillée, qu’il soit issus de l’Histoire ou créés de toutes pièces, mais qui ne seraient rien sans un univers crédibles où s’ébattre.
Et de ce côté là, nous sommes servis.
Block 109 c’est l’Allemagne nazie mais dopée aux stéroïdes, une sorte de Bigger Than Life à l’américaine, un What-If pleinement assuré. Nous sommes de plein pied dans le domaine de l’uchronie.
Ici, la course à l’armement a joué à fond. Les projets les plus fous qui, dans la réalité, n’avaient pu se réaliser pleinement du fait de la défaite du Reich, ont ici aboutis pour la plupart.Qu’ils soient réalistes ou plus échevelés.
Exo-armures, chasseurs à réaction, missiles nucléaires et autres engins de mort sont présents en nombre sur les champs de bataille. Par contre ici, point de pouvoirs psychiques ou autres manipulations surnaturelles, la science peut tout expliquer. Les pires ravages sortent bien de l’esprit de scientifiques dérangés au service d’une machine enragée.
Et c’est dans un univers cohérent, qui aurait pu exister, que l’on se retrouve emporté par le tourbillon des évènements de ces derniers jours avant une nouvelle ère.

En refermant l’ouvrage, on se surprend à rêver…non, rêver n’est peut être pas un terme convenable pour un univers où les horreurs nazies historiques ou imaginaires sont bien présentes…espérer conviendrait mieux. Oui, on se met à espérer de futures incursions dans cet univers que ce soit pour nous raconter les prémices de cette guerre, les évènements antérieurs ou parallèles, mais pas la suite… Car en elle même la fin de cet ouvrage est très symbolique et marquante, teintée de mélancolie et d’un espoir dont on doute. Pas besoin d’en rajouter après celle-ci.

Une lecture que je conseille donc ardemment à tous les amateurs d’uchronies ou d’histoire de la seconde guerre mondiale, ainsi qu’à tous les autres. On passe un bon moment, on réfléchit, on apprécie les graphismes ainsi que le papier de qualité, on s’évade, certes pour un monde pas franchement recommandable mais Ô combien détaillé avec soin.
J’aurais bien quelques critiques à formuler mais elles se perdent dans le brouhaha de ma satisfaction générale et quasi entière.
Merci pour ce bel ouvrage.

Par Kieffer, le 17 mars 2010

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