Bleu amer

 
La seconde guerre mondiale fait rage mais l’île Chausey, délaissée par les nazis pour le peu d’intérêt stratégique qu’elle offre, est restée en marge du chaos. La vie s’y déroule donc de manière presque normale, si ce n’est une patrouille allemande qui croise au large de temps en temps…

Pierre est pêcheur et chaque jour il prend la mer. Suzanne, sa femme, l’attend… Rien ne semble pouvoir perturber leur vie, ni celle des autres Chausiais. Or, un jour, Pierre porte secours à un parachutiste américain qui s’est échoué avant de perdre connaissance. Il le ramène au bourg où toute la communauté s’occupe alors de le soigner, de le cacher et d’en savoir plus.

Si l’arrivée de l’Américain apporte de la nouveauté aux îliens, elle pose aussi la question de quoi faire de cet invité pas comme les autres. Une question qui divisera et qui opposera des gens qui n’avaient pas besoin de ça…
 

Par sylvestre, le 10 avril 2018

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Notre avis sur Bleu amer

 
La fiction Bleu amer est un roman graphique où les ambiances sont en partie dictées par le cadre et le contexte. C’est par exemple un huis clos en plein air où les frontières se confondraient paradoxalement avec la ligne d’horizon tracée par la nature à des centaines de kilomètres à la ronde, au large… Ce sont, autre exemple, des gens assignés à résidence sur leur île (Chausey) mais qui sont finalement plus libres et plus insouciants que n’importe quel Français continental en cette période de guerre… Mais Bleu amer c’est aussi l’histoire d’une toute petite communauté dont les rouages vont se mettre à crisser quand un grain de sable va venir s’y loger. Spontanéité ou raisonnements, ententes ou désaccords, gentillesse ou amertume, altruisme ou jalousie… Tels les eaux venant se fracasser sur les rochers, ces contraires vont subitement bousculer les habitudes, tourbillonner dans les têtes, voire peser sur les actes et sur les décisions de gens qui n’étaient tout simplement pas préparés.

Violence et passions sont latentes, dans Bleu amer, mais tout y est pourtant d’un calme envoûtant du début à la fin. Le rythme est lent, très lent ; à l’inverse de ce qui se passe dans les esprits. La lumière triste et les couleurs froides que Sophie Ladame pose sur le papier craft pour mettre en valeur son joli coup de crayon réaliste sont pour beaucoup dans ces ambiances. Chausey est un univers de taiseux dans cette BD écrite par Sylvère Denné, et on s’imagine bien que la mer et la solitude, qui en ont emporté tant d’autres, sauront garder le secret quoi qu’il arrive…
 

Par Sylvestre, le 10 avril 2018

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