Blessure d'amour-propre

Vingt-six ans après la sortie de son célèbre album hot « L’amour propre (ne le reste jamais très longtemps) », Martin Veyron n’a plus guère l’inspiration. Il est plutôt aigri notre auteur, d’autant que son ancien succès le poursuit encore. Ah, on lui en parle souvent de ce fameux « point G ». « Ah, Martin, si tu avais fait une suite, ça aurait marché. Si tu avais écouté ton éditeur… » Des remarques qui ont de quoi vous agacer un auteur honnête et de le pousser, si ça continue, à tout abandonner pour le jardinage !

Mais c’est alors que fait son entrée une journaliste qui prépare un documentaire pour Arte. Le thème ? Le point G ! Et pour elle, le reportage doit inclure une intervention de Martin Veyron, spécialiste en la matière.

Par legoffe, le 8 octobre 2009

Notre avis sur Blessure d’amour-propre

Il y a vingt-six ans de cela, Martin Veyron frappait fort avec son livre érotique qui devint vite un best-seller, adapté même au cinéma en 1985. Cet album, visiblement, l’a poursuivi longtemps. Preuve en est la parution de cette nouvelle bande dessinée qui n’est pas la suite du premier tome, mais plutôt la… poursuite de son auteur par ce livre !

On aurait pu craindre, dès lors, de trouver ici un récit plutôt nombriliste, une sorte de complainte sur le thème du « le succès, c’est ingrat ». Le genre de discours qui agacerait évidemment tous les auteurs qui courent après la réussite.
Mais ce n’est pas le cas, non. Veyron prend le sujet à revers et n’hésite pas à s’égratigner au passage. Car, dans cette histoire faussement autobiographique, c’est bien lui que nous suivons ces années plus tard, dans la peau d’un auteur qui approche de la soixantaine. Le manque d’inspiration, la vieillesse, le best-seller cachant le reste de sa production… Il aborde tous ces sujets avec beaucoup d’humour et de dérision.

Ainsi, la première partie du livre est des plus sages ; elle est aussi la plus proche, sans doute, du quotidien de Veyron. Ensuite, il nous fait glisser progressivement vers une fiction burlesque plus osée, déclenchée par l’arrivée de cette journaliste qui veut parler du point G. Le héros de l’album, un brin provocateur et chafouin, se retrouve piégé dans un engrenage qui va l’amener aux limites de la pratique doctorale ! Docteur en point G ? Ca peut en faire rêver plus d’un !

Veyron, en tout cas, s’en amuse beaucoup et se projette dans une situation délirante, aux postures à faire rougir. Il nous parle de sexe, sans pour autant faire une nouvelle bande dessinée érotique. L’air blasé de son personnage, son approche « comico-médicale » de la chose en font un livre drôle, détaché, et pas un objet de voyeurisme. Un véritable exploit de l’auteur qui réussit, ainsi, à nous faire passer un très bon moment. Et si la seconde partie du livre perd un peu en rythme et en surprises, l’ensemble reste très drôle et démontre une fois encore la capacité de Veyron à ne surtout pas se prendre au sérieux.

Par Legoffe, le 8 octobre 2009

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