Blackbird

(Blackbird 1 à 6)
Avec des potes à lui ils conçoivent à leur rythme un fanzine, Blackbird, qu’ils laissent ensuite en dépôt vente un peu partout en ville ! Jusque là tout se passe bien, ils arrivent à écouler leurs exemplaires, et en envoient même quelques un à des éditeurs par-ci par-là, histoire de montrer leur boulot, se faire un peu connaître. Son but n’est pas forcément de gagner des millions, au moins de quoi continuer à se faire plaisir !
Malgré tout, un jour, le gouvernement fait passer une loi qui se propose de supprimer le prix unique du livre, mais aussi d’interdire l’auto-publication (donc le fanzinat)… Aux infos on précise même « Toutes les publications devront désormais passer entre les mains d’un éditeur qualifié et agrémenté afin de mieux contrôler les contenus à caractère litigieux et offrir aux auteurs des conditions optimales de distribution de leurs ouvrages »…
Tout se complique donc, il n’est plus ce petit fanzineux qui s’éclate avec ses potes, qui imprime ses pages tranquillou sur une photocopie, qui découpe et agrafe le tout dans son salon, entre deux bières et qui va ensuite tout distribuer… Non, désormais, il devient un hors la loi, un paria qui dévale la rue poursuivi par les flics…

Par fredgri, le 3 novembre 2012

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Notre avis sur Blackbird

J’ai découvert Blackbird sur le tard, au cinq ou sixième numéro.
Je suis arrivé au stand de L’Employé du Moi, à Angoulême, j’ai vu que Pierre Maurel y dédicaçait ses exemplaires, je me suis rapproché, j’ai entamé la discussion, puis je me suis éloigné avec ce précieux lot sous le bras. J’avais tout lu peu de temps après, d’un bloc, complètement pris par l’histoire, par ces personnages et leur rébellion contre le système, par cet auteur.

Même s’il s’agit d’une fiction, c’est néanmoins très intéressant de voir comment Pierre Maurel traite son sujet. Ce "Blackbird" (titre qui d’ailleurs n’apparait sur aucune couverture de la série…) pourrait donc presque symboliser une sorte de vilain petit canard de l’édition, un espace de liberté sans contrainte, qui n’obéit à aucune règle, qui reste indépendant et qui va donc, par le fait, être le premier à subir les foudres du dictat éditorial.

Alors oui, cela garde un aspect très engagé. Pierre Maurel est un auteur qui produit des fanzines par idéalisme et non pas par la force des choses. Ce qu’il semble défendre ici c’est l’amour de ce processus créatif, de ces rencontres, ces partages, de non seulement créer, mais aussi de participer à la fabrication, les copies, la reliure, la distribution, le réseau hors du circuit officiel. Mais le point sur lequel il faut aussi insister, c’est qu’ici on a droit à de la BD exigeante, avec un vrai scénario qui véhicule des idées très fortes, de la tension, mais aussi une caractérisation très intéressante. Comme quoi l’édition indépendante c’est aussi un positionnement, une revandication !
Car non seulement Blackbird c’est un regard sur une certaine réalité sociale (c’est facile de taper sur les plus petits, de les responsabiliser tout en continuant de les écraser par derrière), mais c’est surtout un énorme travail sur les personnages, avec des interactions et des évolutions qui viennent régulièrement renforcer le récits, ouvrant sur des pistes alternatives et proposant une lecture progressive bien plus riche que ce que le propos initial pouvait laisser deviner !

A la finale, on obtient un excellent album, avec un dessin très précis, magnifique, qui interpelle, qui donne envie, surtout de découvrir d’autres fanzines, d’autres auteurs…

Affaire à suivre donc !

Par FredGri, le 3 novembre 2012

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