Black Kiss

(Black Kiss 1 à 12)
La belle Beverly Grove, actrice en vogue, et son ami transsexuel Dragmar, sont prêts à tout pour récupérer une vidéo très compromettante, quitte à semer les corps sur leur chemin. De son côté Cass Pollack, un musicien, est accusé à tort d’avoir assassiné sa femme et sa fille, il est donc poursuivi par la police et par deux tueurs qui veulent à tout prix en finir avec lui.
Cass finit par rencontrer Beverly et Dragmar, et ensemble ils vont mettre en marche un plan pour tenter de tout régler… Mais les cartes ne sont-elles pas faussées dès le départ ?

Par fredgri, le 30 mars 2010

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Notre avis sur Black Kiss

Attention, bien au delà du côté "cul" de cet album, de l’aspect un peu scabreux et voyeuriste de certaines scènes, Black Kiss est surtout un polar très efficace, qui respecte tout les codes du genre, même si Chaykin va plus loin. Car, en effet, il pousse les limites de ces archétypes, il joue avec ses personnages, avec le lecteur, il le provoque, le dérange, et ce, dès le départ.

Quand Chaykin réalise Black Kiss, en 88/89, il est alors au sommet de sa carrière. Son American Flagg est une référence, ses Black Hawk, ses Shadow, ses Time2 etc. sont des chef d’œuvres, il est alors un auteur qui peut tout se permettre. Son écriture est violente, osée, il rajoute un aspect érotique très poussé, ses personnages n’ont plus de tabou. Et Cass Pollack est l’exemple parfait du héros made in Chaykin, avec un côté dominé en plus. En effet, assez régulièrement l’auteur amène des femmes au caractère très fort dans ses histoires, des femmes qui dominent la situation. Et Black Kiss est avant tout une histoire de domination, de puissance, de rêve d’immortalité aussi. Le cadre est celui d’Hollywood, avec ses stars, ses combines, ses producteurs et autres agents véreux. Le corps est une arme comme les autres.

Donc, bien sur, certaines planches sont très explicites, parfois même très violentes, tant graphiquement que verbalement. Néanmoins, Chaykin garde du recul par rapport à ce qu’il montre, soit il joue avec les bulles des textes, soit c’est du hors champs, soit c’est astucieusement mis en scène. Du point de vue graphique, c’est du très bon Chaykin que nous avons là (s’il ne faut garder qu’une période de lui, ça serait de 80 à 94/5 environ, depuis il ne se creuse plus, ne faisant que de la commande sans grande recherche graphique), c’est très expressif, très intelligent. Peut-être s’essouffle-t il vers la fin, peut-être se répète-t il, mais il y a pas mal de très bonnes trouvailles (comme cette longue séquence avec Cass attaché au lit…)

A sa sortie US, Black Kiss a fait beaucoup de bruits, c’était la première fois qu’on allait aussi loin, qu’un auteur connu comme Chaykin osait montrer des scènes de cul dans un comics. Les numéros coutaient très cher (pour peu de planches en noir et blanc, à chaque fois) et se vendaient sous plastique. Ça a tellement bien marché d’ailleurs qu’à peine un an plus tard paraissait la version Big Black Kiss réunissant sous forme de trois petits volumes l’intégralité de la série, phénomène exceptionnel pour l’époque, surtout pour un comics à caractère pornographique !

C’est pour ça que voir, aujourd’hui, Delcourt traduire cette histoire, c’est incroyable. Cela montre bien combien le paysage éditorial vis à vis des traductions US a évolué, combien il s’est diversifié. De plus la très bonne trad’ permet aussi de bien saisir la matière que recèlent les textes de Black Kiss.
La collection Erotix continue de nous réserver de très bonnes surprises, je suis très curieux de voir ce qui va arriver ensuite.

Très très fortement conseillé si vous aimez les excellents polars, Chaykin et les histoires transgressives !

Par FredGri, le 30 mars 2010

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