Black Jake

Jack Brennan, inspecteur de police de la ville de Los Angeles, est appelé pour enquêter sur l’agression d’une religieuse dont la sauvagerie met en ébullition la communauté mexicaine de la grande cité. Toutefois, au grand dam de son supérieur hiérarchique et de son partenaire, l’officier ne semble pas faire preuve d’un entrain débordant. Il est vrai que Brennan mène une vie bien dissolue, plus que répréhensible, à cause de son penchant pour la drogue et de sa façon de s’abriter derrière son insigne lorsqu’il y a bavure. Les liens avec sa famille partent en lambeaux et sa propension à la violence n’en fait pas un modèle de père. Aussi, le jour où Brennan, en quête de liquidité, engage des paris hasardeux auprès du caïd local, El Diablon, le glas annonçant le crépuscule de sa misérable existence sonne lugubrement.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Black Jake

Will Argunas revient sur les étalages avec un nouveau one-shot, après son fameux "Missing" publié dans la même collection KSTR de chez Casterman. Fidèle au style noir qui semble lui coller à la peau, il met en piste un autre flic peu fréquentable, travaillant en marge des enquêtes réalisées par ses collègues, qui va sombrer dans une spirale infernale.

Bien inspiré par des films américains aux ambiances glauques, de préférence des polars bien noirs, dans lesquels les représentants de la loi ne sont nullement des modèle du genre, il nous entraîne dans un récit à tiroirs oppressant bien orchestré, se déroulant sur plusieurs époques très proches. Son héros (si on peut dire !) se découvre à nous progressivement, au fil de ses rencontres sur le terrain et des péripéties morbides qu’il n’a de cesse d’accumuler. C’est ainsi que l’on parvient à cerner le personnage, qui en toute impunité, n’hésite pas à transgresser ce qu’il est censé représenter.

Utilisant des dialogues chocs, décrivant avec force la violence dans laquelle baigne en permanence l’officier de police, Will Argunas capte notre attention en diffusant des rebondissements inquiétants et bien amenés. A ce titre, il nous fait toucher du doigt les bas-fonds de son intrigue qui se révèle assez surprenante tant les actes perpétrés sont déstabilisants et brutaux. Par ailleurs, il joue également sur les contrastes en opposant par exemple Brennan (symbole de déchéance existentielle) à un religieux (symbole de pureté d’esprit).

Le sentiment d’oppression et de noirceur est renforcé par le dessin atypique de l’auteur qui fait preuve d’une polyvalence bien probante. Son trait à la fois réaliste et approximatif (ou plutôt ses traits, car il ne plaint aucunement les coups de crayon) colle à merveille à l’atmosphère délétère créée par l’intrigue et fixe sans contexte le côté psychologique troublant du personnage central. S’appuyant sur des représentations d’acteurs américains que l’on semble reconnaître, il entretient une pesanteur permanente et nauséabonde autour de son histoire qui reflète idéalement la dérive de Brennan.

"Black Jake", en référence au jeu pratiqué dans les casinos, est un nouvel atout dans la production de Will Argunas que je conseillerais sans retenue à tous ceux qui apprécient les polars noirs au scénario violent et remuant.

Par Phibes, le 12 février 2009

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