L'intégrale

Une étrange maladie apparait. On l’appelle "la peste ado" ou "la crève", parce qu’elle ne frappe que les adolescents. Les symptômes sont multiples et imprévisibles, si certains s’en tirent bien d’autres deviennent de véritables monstres. rejetés par tous ils finissent vite par se rassembler, loin de tous et tenter de comprendre ce qui se passe en essayant de vivre avec cette terrible maladie…

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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2 avis sur L’intégrale

Charles Burns décrit cette adolescence frappée par ce mal comme une adolescence en pleine perdition, perdue dans la drogue, le sexe, les abus, le néant qui les aspire inexorablement. On le comprend bien, la maladie n’est qu’un pretexte pour mettre en avant ce malaise qui prend aux tripes certains ado en mal de vivre, perdus derrière cette identité qu’ils cherchent, exclus par les générations qui les précèdent. On aurait peut-être tendance à se dire que cette stygmatisation sent un peu le réchauffé, néanmoins Burns réussit à rendre tout ça terriblement sensible et presque émouvant. Il use d’une narration très recherchée, de monologues internes et du coup créé un pont vers ces personnages tellement meurtris. L’ensemble est tout de même très sombre et desillusionné, mais Burns sait parfaitement dépeindre ces ados meurtris avec cette virtuosité qu’on lui connait.
De la très grande BD, et cette intégrale est l’occasion rêvée pour venir rajouter ce chef d’oeuvre à votre collection !
Très fortement conseillé.

Par FredGri, le 2 mars 2008

Avec Black Hole Charles Burns traite ouvertement de ce qui hantait les pages de ses récits précédents : la question de la sexualité des adolescents dans l’Amérique puritaine. Black Hole semble l’aboutissement d’un projet entamé depuis longtemps. A ce propos il est intéressant de constater que la maladie (appelée « la crève ») défigurant les jeunes gens ayant eu des relations sexuelles avec un partenaire infecté, est reprise d’un concept déjà développé dans sa nouvelle « La peste jeune » (Big Baby, Cornélius). Depuis El Borbah (Cornélius), chacun des récits de Charles Burns s’inscrivent dans une certaine continuité des précédents, l’auteur cherchant constamment à approfondir et questionner plus encore ses obsessions.

Charles Burns est coutumier des approches détournées, il aime faire appel à l’onirisme cauchemardesque, au surréalisme et à la psychanalyse pour nous faire part de son regard. Ces trois composantes forment les piliers du récit, et tout en lui donnant sa structure, elles lui confèrent également sa violence morale à retardement. Le surréalisme tout d’abord, Charles Burns s’en sert pour ancré son intrigue dans un décor qui surpasse le réel. Ainsi il instaure les fondations d’un monde qui rend de fait tangible les délires cauchemardesques de ses personnages sous l’emprise de drogues et ses métaphores narratives aux accents freudiens – tous deux portés par son dessin avec beaucoup de talent. Pris dans cette atmosphère singulière, bien que glauque et sordide le propos n’affecte de façon directe que modérément le lecteur. La violence chez Charles Burns est plus insidieuse, elle s’immisce lentement et revient hanter son hôte le moment venu… Mais il est également important de souligner, et c’est quasiment une première chez l’auteur, que Black Hole est un récit presque optimiste (je dis « presque » parce que chez Charles Burns, la notion d’optimisme reste tout de même assez relative…)

Black Hole est considéré à juste titre comme une série maîtresse dans l’oeuvre de Charles Burns. A lire !

Par melville, le 27 août 2011

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