Black Hole

(Black Hole 1 à 12)
Ils sont jeunes, ils mordent la vie à pleines dents, Ils s’appellent Chris, Rob, Eliza, Keith, ils s’essaient à la drogue, n’ont pas de rêve en particulier, juste envie de séduire cette camarade de classe ou cette jeune fille rencontrée chez des inconnus, elles pensent à ce premier moment, cette premières fois ou elles ne seront plus des ados… Mais un mal étrange apparait, qui ne frappe que les adolescents. Les symptômes sont multiples et imprévisibles, si certains s’en tirent bien d’autres deviennent de véritables monstres. Progressivement, une minuscule communauté se construit, à l’écart, dans les bois, ils se regardent, se transformant, ils s’aiment, ou parfois ont peur les uns des autres…

Par fredgri, le 10 septembre 2017

Notre avis sur Black Hole

Charles Burns reste un auteur très important de la bande dessinée américaine, underground.
Chacune de ses œuvres participe au même parcours, à cette même recherche thématique, elle explore les obsessions de l’auteur, la sexualité des adolescents américains !
Ici, il décrit une adolescence en pleine perdition, engluée dans la drogue, le sexe, les abus, le néant qui les aspirent inexorablement. Ils sont frappés par un mal étrange qui accentue cette impression de ne plus être comme avant, de se transformer. Le sexe révélateur, presque déshumanisé, qui provoque la maladie, qui se cantonne à n’être qu’uns simple étape transitoire…

On le comprend bien, la maladie n’est qu’un prétexte pour mettre en avant ce malaise qui prend aux tripes certains ado en mal de vivre, perdus derrière cette identité qu’ils cherchent, mal compris par les générations qui les précèdent.
On aurait peut-être tendance à se dire que cette stigmatisation est parfois trop appuyée, avec des stigmates très révélateurs, qui insistent sur le rapport que ces ados ont avec leur corps, avec la découverte de l’autre…
Néanmoins, Burns réussit à rendre son propos terriblement sensible et presque émouvant, il use d’une narration très recherchée et audacieuse, ponctuée de monologues intérieurs très immersifs, de séquences oniriques aux limites du cauchemars, de détails dérangeant, donnant l’impression que ces personnages évoluent plutôt dans un univers fantastique complètement décalé… Et du coup, ces personnages tellement meurtris vibrent sous nos yeux, ils regardent ce monde qui les entoure en partant à la dérive, ils ont peur, sont perdus, mais gardent parfois l’espoir d’un après plus serein.
L’écriture est réellement très subtile et fine. On se laisse emporter dès les premières cases dans cette succession de portraits qui s’alternent sans arrêt !

L’ensemble est tout de même très sombre et désillusionné, mais Burns sait parfaitement dépeindre ces ados en douleur avec cette virtuosité qu’on lui connait, tout en ouvrant des pistes plus optimistes.
Malgré tout, graphiquement encore une fois, c’est du très très beau travail, avec une volonté de construire des planches très rigoureuses qui ne font jamais dans le voyeurisme, qui nous offrent des mises en scène très contrastées, magnifiques !

De la très grande BD, une occasion rêvée pour venir rajouter ce chef d’œuvre à votre collection !

Très fortement conseillé.

Par FredGri, le 10 septembre 2017

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