Bizarreries

Ce recueil rassemble une vingtaine de récits plus ou moins courts qui partent de 1986 jusqu’à 2016. Roberto Baldazzini glisse d’un genre à l’autre, en passant par le polar, la comédie sentimentale, la science fiction et, progressivement, le bondage, le SM et le transgenre…

Par fredgri, le 31 janvier 2017

Notre avis sur Bizarreries

Pour ceux qui connaissent un peu l’œuvre de Roberto Baldazzini, cet album est très intéressant, car il permet de voir évoluer à la fois le graphisme du maître, mais aussi ses thématiques et son univers ! C’est intéressant, car, au départ, nous sommes dans des petites romances sentimentales, presque à l’eau de rose, avec des petits dérapages érotiques ou pointent du nez des questions sur la domination, sur le contrôle. Puis, petit à petit, le fantasme (avec deux passionnants récits "Hôtel Magestic" et "Sur le lieu du crime" ou les auteurs décortiquent les pulsions amoureuses et meurtrières, fascinant !) est de plus en plus omniprésent. Cette première période s’achève avec "Qui a tué Betty Boop ?" qui marque une vraie transition. Le bondage est dorénavant intégré, et les personnages seront ensuite confrontés au transgenre, au SM, à la vraie domination.

Deçi delà Baldazzini et ses camarades scénaristes se laissent tenter par quelques récréations, comme l’anodin" "Salle d’attente" ou six magnifiques créatures se laissent aller à toutes les pénétrations possibles dans une salle d’attente. Ça ne va pas plus loin, juste du voyeurisme à base de transsexuelles décomplexées. L’artiste a déjà son style actuel, c’est magnifique, même si complètement assumé. On retrouve cette même légèreté avec "deux chattes sur un toit" et "Certaines l’aiment chaud". Une situation assez basique, prétexte à quelques effeuillages, puis à plus… Baldazzini se radicalise un peu plus avec sa série d’illustrations de "La forteresse de la douleur", ou encore avec les deux parties de "L’éducation d’Angela" !

Alors, même si les héroïnes Baldazziniennes sont absolument sublimes, toutes en courbes, vamps magnifiques, légèrement retro, il n’en demeure pas moins que l’univers de l’artiste devient de plus en plus extrême et il faudra l’histoire finale "La professeur" pour bien garder en tête qu’il reste un artiste qui maîtrise parfaitement la narration et qui, bien accompagné par un scénario bien carré, peut encore produire des choses qui ne sombrent pas systématiquement dans des visions dérangeantes ou les femmes ne sont finalement plus que des outils soit dominantes soit humiliées à l’excès !

Cet album demeure donc une belle curiosité, à ne pas mettre entre toutes les mains, néanmoins !

Pour public averti !

Par FredGri, le 31 janvier 2017

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