BITCH PLANET
Extraordinary machine

(Bitch Planet 1 à 5)
Quelque part dans un futur dystopique. Le monde est gouverné par le diktat des hommes qui impose une conformité réductrice, les femmes qui n’obéissent pas aveuglément doivent être "reconditionnées" et envoyées dans un centre pénitentiaire en orbite autour de la Terre, une prison qu’on surnomme "Bitch Planet".
Kam, "l’héroïne", est une ancienne athlète, on lui propose alors de monter une équipe pour ensuite aller participer au Megatron, un tournoi ou se jouent des sortes de matchs de foot américain, mais ou tout les coups sont permis… Évidemment, Kam sait que les pions sont pipés dès le début…

Par fredgri, le 28 avril 2016

Notre avis sur BITCH PLANET #1 – Extraordinary machine

On parle beaucoup, en ce moment, de cette nouvelle série de Kelly Sue Deconnick et Valentine De Landro, qui arrive enfin en France et qui présente un univers dystopique régit par des lois machistes et ou les femmes sont forcées de se soumettre, sinon elles vont rejoindre leur prison, en orbite autour de la Terre…
Mais en dehors de ce cadre quelque peu explicite, le cœur de cette série tient surtout dans la volonté de l’héroïne principale, et par extension de ses camarades, de résister face aux malversations auxquelles elles doivent faire face, de tenir bon leur identité, ce droit à l’indépendance inconditionnelle !
Bien sur, les caractéristiques de ce monde sont grossies, voir même caricaturales, toutefois elles reflètent aussi une réalité sur laquelle beaucoup veulent simplement fermer les yeux, même dans notre société actuelle qui se veut libre.

Donc voilà, le fond de Bitch Planet est très sérieusement revendiqué comme féministe (l’album se termine d’ailleurs par un copieux dossier qui présente d’une part une longue interview croisée avec les deux créateurs, puis un article qui parlent des comics et de leur rapport avec le public féminin. Il se conclue par des témoignages qui insistent sur l’importance de parler, d’assumer son identité !!!), mais c’est avant tout une sorte de pamphlet qui propose des pistes de réflexion, bien plus que de généraliser à l’arrache. Ainsi, bien que la série soit visiblement tournée vers un public féminin, le lecteur masculin pourra facilement se laisser entraîner lui aussi dans ce récit captivant, par ses rebondissements multiples et par la richesse des diverses caractérisations !

Car ce premier volume, qui place très habilement les bases de la série, n’en demeure pas moins une excellente lecture. La scénariste développe plusieurs pistes en même temps, approfondissant son univers et son concept. Elle joue beaucoup sur les diverses interventions télévisées, un peu à la façon de Chaykin ou Miller qui, ainsi, pouvaient dresser le portrait du monde extérieur et de la manière de transmettre l’information aux spectateurs ! Le procédé est vraiment intéressant, car en plus il permet de dénoncer une oligarchie qui cherche à satisfaire ses besoins d’audimat, d’image, de popularité, au détriment des masses passives qui suivent le mouvement, docilement !
Le propos est on ne peut plus d’actualité !

Je suis moins convaincu, par contre, par le graphisme qui fait suffisamment bien son job, mais qui reste en retrait par rapport à la force du scénario. Un dessin honnête, mais sans plus ! Il lui manque peut-être, à mes yeux, cette énergie qui pourrait transcender le récit d’un bout à l’autre !

En attendant, Bitch Planet reste une étonnante découverte que je vous conseille très activement !

Par FredGri, le 28 avril 2016

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