Binky Brown rencontre la Vierge Marie

A la fin des années 50, le jeune Binky Brown vit difficilement ses premiers émois pubères. Complètement habité par cette éducation catholique rigide qui le pousse à culpabiliser sans cesse et à refouler la moindre pulsion, il commence à chercher un moyen de freiner cette angoisse qui lui ronge l’existence au quotidien. Surtout que la moindre évocation de la Vierge Marie suffit à faire naître en lui des pensées "impures"…

Par fredgri, le 15 mai 2013

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Notre avis sur Binky Brown rencontre la Vierge Marie

Publié en 1972 par l’éditeur underground Last Gasp, "Binky Brown rencontre la Vierge Marie" est pour beaucoup considéré comme le premier véritable récit autobiographique de "grande envergure" en BD.
Alors qu’aujourd’hui le genre est assez commun, nous sortant régulièrement des énormes pavés nombrilistes à souhait, nous faisant entrer dans les aventures passionnantes du shopping, dans des relations parents/enfants extrêmement "pertinentes" ou simplement nous déversant à grand renfort de strips bloggesques toute la sagesse nécessaire sur le quotidien d’un auteur, sur son regard sur la société, il ne faut pas oublier qu’à l’orée des années 70 les quelques bandes autobiographiques se contentaient de quelques pages dans des comics underground. C’est de ce point de vue là que l’entreprise de Justin Green, au travers de sa quarantaine de planches, est déjà, à l’époque, un véritable phénomène éditorial !

Le "récit" présente donc un Justin Green, rebaptisé Binky Brown, qui progressivement est victime d’une névrose que l’on appellera plus tard "troubles obsessionnels compulsifs" (T.O.C.). Ne comprenant pas complètement alors ce qui lui arrive il le formalise sous la forme d’un comics, mais surtout d’un comics humoristique qui va donc user des codes propres à la BD, du potentiel du médium pour explorer cette angoisse et son impact sur sa vie !

Car cet album est tout de même très drôle dans ses excès, il se présente comme une sorte de satire de l’éducation religieuse étroite et sans concession qui entretient et accentue cette angoisse qui suit la découverte du corps et de la sexualité chez un ado. Le "héros" a du mal à gérer la portée de ses actes, la responsabilités qu’ils impliquent vis à vis de Dieu, vis à vis de la damnation éternelle qui le menace au moindre faux pas et sa névrose se manifeste soudain sous la forme de rayons que projettent son sexe, ses doigts et ses pieds qui deviennent des pénis.

Il en ressort donc une histoire des plus étranges, rythmée par les incessantes questions que se pose le personnage, par son imagination qui progressivement arrive à se libérer de ce carcan religieux castrateur tout en sombrant dans des méandres obsessionnels.

Quand on découvre cet album aujourd’hui on est peut-être moins "touché" par son impact, d’autant que sa célébrité, sa reconnaissance ne semblent avoir concerné qu’un petit groupe d’initiés, néanmoins c’est intéressant de se plonger dans ces pages ! Cela reste malgré tout assez décousu, voir même pas toujours très cohérent. De plus ce qui fait sourire au début finit par petit à petit lasser tellement ça devient redondant et donc limite rébarbatif !

Il n’en demeure pas moins que c’est un document important (il faut lire la passionnante postface de l’auteur lui même qui revient sur son parcours, ses rencontres et qui analyse cet album avec tout le recul nécessaire !) et que mine de rien il aide aussi à prendre conscience de ce genre autobiographique qui va suivre !

Par FredGri, le 15 mai 2013

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