BERNARD PRINCE
Guérilla pour un fantôme

Voguant non loin des côtes montéguanayennes, le "Cormoran" croise le sillage du superbe "Condor de Oro". Cette vision extraordinaire se transforme vite en désastre lorsque le bateau en question explose en milliers de morceaux. Témoins de la scène, Bernard Prince et ses amis recueillent trois rescapés dont Juan-Enrique Valedero, le Président en titre de la République du Montéguana. En écoutant la radio du bord, ils apprennent avec effarement que Valedero est déjà déclaré mort et qu’il est remplacé par le Général Mendoza. Il ne fait aucun doute que ce pays subit un putsch en règle.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur BERNARD PRINCE #9 – Guérilla pour un fantôme

C’est sur un air de rumba que débute cette nouvelle histoire de "Bernard Prince". Toutefois, après quelques brèves mesures, une autre musique est jouée dans le genre toccata et fugue en "boum" majeur. Dans ce début d’apocalypse, un homme fait son apparition et pas n’importe lequel : le président du Montéguana en personne fuyant un attentat. Spectateurs fortuits de ce désastre meurtrier, les trois marins au long cours et au grand cœur se trouvent embringués dans une sale affaire de privation de pouvoir et réquisitionnés pour une éventuelle reconquête de celui-ci.

Greg reste dans l’exotisme des pays d’Amérique du Sud. Après les plantations de café de la frontière vénézuélienne (voir tome 8), nous filons droit au Monténagua, pays aux origines hispaniques certes imaginaire mais bien représentatif de l’Amérique latine. De plus, l’auteur retrouve l’ambiance humide et sauvage de la jungle inextricable qu’il semble affectionner particulièrement et dans laquelle tout peut arriver. Les rencontres bonnes ou mauvaises sont multiples.

Par ailleurs, Greg s’amuse à mettre dans la balance deux entités antagonistes dans un total déséquilibre. D’un côté, il présente dans son peson un candidat au pouvoir radical, épaulé par toute une armada. De l’autre, il expose un petit groupe armé en tout et pour tout d’un fusil de chasse et d’un couteau. Heureusement, grâce à la magie de l’écriture, un personnage voire trois s’imposent pour influer le cours de l’histoire.

Toujours inspiré, le scénariste qu’on ne présente plus tant il a publié toute sorte de recueils, nous sert, dans ses bulles généreuses, des dialogues décalés, empreints d’un humour caustique et de sous-entendus qui, indubitablement, maintiennent une certaine dose de méfiance sur le président destitué.

Hermann est très fort. Son coup de crayon incommensurable est exceptionnellement maîtrisé. Son style coulant a le don de "fluidifier" la lecture de ses vignettes et ses dessins, très explicites, se passent de commentaires superflus. Manipulant judicieusement l’ombre des frondaisons de la jungle et restituant avec précision les moindres racines tortueuses, l’atmosphère pesante d’une telle nature est largement perceptible. Les personnages sont également très animés et donnent, quelle que soit leur apparence (soldats, indigènes…) une frénésie salutaire au récit.

Mille millions de cabestans, ça chauffe au Montéguana et Bernard Prince et Barney Jordan y sont encore pour quelque chose ! Grâce leur soit rendue, à eux et à leurs auteurs.

Par Phibes, le 24 avril 2008

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