BELLE ESPÉRANCE (LA)
Tome 1

En décembre 1933, la société française est sous le coup des répercussions de l’affaire Stavisky, un escroc d’origine ukrainienne qui a grugé frauduleusement nombre de personnes et discrédité le peuple juif. Simon Bernstein, grand couturier, et sa sœur Sarah ont fait amèrement le constat de la montée de l’antisémitisme, cautionnée par un gouvernement visiblement corrompu. Des émeutes ensanglantées éclatent en février 1934 à Paris et au sein de l’Assemblée nationale, le député Léon Blum d’origine juive est menacé. En juillet 1934, Roger, étudiant à la ville, revient dans son village natal de bord d’océan. Il y retrouve sa mère Irma et surtout Louison, sa petite amie avec laquelle il partage de grands moments d’insouciance et également d’espoir. En effet, lui, souhaite devenir ingénieur, elle, actrice. Malheureusement, les évènements insurrectionnels qui remuent la Capitale vont bientôt les rattraper et peser fortement sur leur destinée.

Par phibes, le 16 novembre 2022

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Notre avis sur BELLE ESPÉRANCE (LA) #1 – Tome 1

Versée dans des sujets ayant trait à des personnalités comme Louise Brooks, Agatha Christie, Léon Tolstoï, George Sand, Chantal Van Den Heuvel se donne l’opportunité de se plonger dans la période d’entre les deux guerres, au moment où la France subit la montée du fascisme et voit l’émergence d’une coalition de différents partis de gauche qui va déboucher sur la création du Front Populaire. A cette reconstitution historique et pour mieux en saisir sa consistance, la scénariste nous sensibilise sur le parcours de plusieurs personnages ayant vécu à leur niveau les évènements, l’un réel (Léon Blum) et les autres fictifs, de conditions différentes (Simon et sa sœur Sarah, Roger et sa dulcinée Louison).

A l’appui d’une pagination ô combien fournie, ce premier volet a l’avantage de soutenir un sujet particulièrement vibrant. Tout d’abord, parce qu’il se base sur des faits authentiques qui ont généré une prise de conscience collective (certes à différents niveaux) qui a été à l’origine de gros espoirs mais aussi de grandes incertitudes. A cet égard, l’on concèdera que la scénariste a effectué un travail de recensement et de restitution impressionnant qui a consolidé judicieusement les péripéties croisées vécues par les protagonistes principaux.

Ensuite, le choix des personnages est des plus adroits puisqu’il vient, du fait de sa diversité, comprendre comment certaines personnes d’horizons divers ont pu vivre sous le couvert de l’arrivée du Front populaire. Par ce biais, on y découvre une large intrigue liée à Roger, jeune breton ayant été obligé d’arrêter ses études pour partir à la grande ville travailler à l’usine. Bientôt suivie par son aimée Louison, Roger finit par trouver sa voie, celle de revendication, le tout sans savoir qu’au départ il a été grugé par son beau-père.

L’on conviendra donc que tout se mêle avec délice, dans une profusion de faits, de mouvements sociaux bien mis en évidence et dans une complétude généreuse, avec des personnages attachants (tel le couple Roger/Louison fonctionne à merveille traduisant fortement l’espérance et la désillusion), d’autres volontaires, virulents, visionnaires.

Le travail graphique est également à saluer. Anne Teuf, à qui l’on doit également le one-shot biographique Madeleine, une femme libre et la série historique Finnele, assure une prestation de qualité. A la faveur d’un trait semi-réaliste sensible et documenté, elle trouve la juste expressivité pour relater l’Histoire et ceux qui ont participé. Sous ses coups de crayons simples et efficaces, on se plait à suivre Roger, Louison, Simon, Sarah, Léon Blum et bien d’autres dans leurs différentes tribulations, campées historiquement grâce à des décors bien choisis.

Un premier volet didactique, réellement captivant qui mêle excellement la grande Histoire à la petite et qui nous fait espérer la suite.

Par Phibes, le 16 novembre 2022

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