La belette

Gérald et Anne sont deux citadins qui viennent de s’installer dans un village des Ardennes, avec leur fils autiste Pierre, un adolescent qui ne prononce pas un mot. Évidemment, le décalage avec les habitants, notamment un voisin aux manières aux manières quelques peu intrusives, un curé légèrement fanatique sur les bords et une mystérieuse femme surnommée « la Belette », mettent mal à l’aise le couple, d’autant que très vite ils retrouvent des têtes d’animaux clouées sur la porte ou des corbeaux pendus dans une vieille armoire… Mais lorsque Gérald, réalisateur de télévision, décide de réaliser un documentaire sur les anciens rites sorciers toujours vivaces en milieu rural, il provoque la colère des uns et des autres. En parallèle, La Belette s’intéresse à Pierre et commence en secret à l’initier aux rites païens de Demeter, la déesse-mère, ce qui interpelle Anne qui se sent de plus en plus perdue au milieu de tout ça…

Par fredgri, le 14 septembre 2020

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Notre avis sur La belette

Parue entre 1981 et 1982, dans les pages de (A Suivre), "La Belette" suit, sans la carrière de Comès, le sublime "Silence" et je dois bien dire que l’artiste prouve une nouvelle fois combien il maîtrise désormais son art, tant dans la mise en scène, les cadrages que dans la narration !

Restant dans un cadre rural, il nous raconte les démêlés d’une famille de citadins confrontée aux croyances païennes, à tout un monde fantastique qui s’oppose aux pratiques religieuses du curée du coin qui a bien du mal à accepter cette "cohabitation", au point de carrément prendre les devants, avec violence, s’il le faut !
A travers le personnages sceptique de Gérald, Comès avance un discours anti-clérical assez virulent (relayé ensuite par Anne) qui prend toute sa mesure avec les pratiques de La belette et son père, ainsi que les les petites manigances des voisins ! Ainsi, malgré ce catholicisme impérialiste et malgré les nouvelles technologies comme la télévision, les cultes liés à la nature restent bel et bien vivants et symbole d’une croyance très encrée dans la "terre".
Sans aller jusqu’au prosélytisme, le propos du scénario intrigue quand même par son aspect idéaliste que l’on sentait déjà dans "Silence" ! Mais l’histoire reste fascinante, car le cœur du propos est justement cette confrontation idéologique qui va progressivement pousser les personnages à se transcender, comme le jeune Pierre et plus tard sa mère, tandis que d’autres s’enferment petit à petit dans leur ignorance !

Un très bel album, envoutant et passionnant. On ne ressort pas indemne d’une telle lecture. Comès s’impose dorénavant comme l’un des très grands de la bande dessinée fronco-belge, grâce à ses romans graphiques (on peut les appeler comme ça sans soucis !) !

A lire absolument !

Par FredGri, le 14 septembre 2020

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