Béatrice

Béatrice est une jeune femme célibataire employée au rayon maroquinerie du grand magasin La Brouette. Chaque jour qui passe est, comme un grand nombre de citadins, rythmé par ses allers-retours au travail et son contact avec la clientèle. Un matin, alors qu’elle va prendre son service, son regard est attiré par la présence d’un sac rouge abandonné au pied d’un pilier en acier de la gare que personne ne semble remarquer. Malgré tout, emportée par la foule, elle continue son chemin. Après une journée bien remplie, elle rentre à son domicile et revoit le sac rouge toujours planté contre le pilier. Le lendemain matin, reprenant son chemin habituel, elle a encore la surprise de retrouver le sac rouge à la même place. C’est à son retour du travail qu’elle se décide de le récupérer. Arrivée à son domicile, elle découvre le contenu du sac, un album photos. Se mettant à le parcourir, Béatrice va voir son quotidien transformé.

Par phibes, le 2 avril 2020

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Notre avis sur Béatrice

Paru initialement dans sa trame originale chez l’éditeur néerlandais Oogachtend en septembre 2019, Béatrice vient fleurir désormais les bacs français grâce à l’initiative de Rue de Sèvres. Créée par Joris Mertens, cette histoire complète a l’avantage de nous transporter dans le quotidien d’une jeune femme qui va être bousculé par la découverte d’un sac abandonné.

Pour ce faire, l’artiste nous projette dans la Capitale française à la fin des trente glorieuses (année 1972), une société parisienne fortement animée tout d’abord par les nombreuses enseignes qui ne manquent de faire valoir leur existence via des publicités énergivores et ensuite par un flux perpétuels d’automobiles et de piétons qui arpentent les belles avenues. Dans ce contexte grouillant, il se focalise sur une personne, Béatrice, jeune femme solitaire, peu expansive et très introvertie. Comme beaucoup de ses contemporains, elle vit dans un rythme quotidien peu enviable, bien caractérisé par Pierre Béarn, métro, boulot, dodo.

Eludant totalement le dialogue, Joris Mertens joue beaucoup plus sur les situations, les instantanés visuels. En cela, il vient casser cette routine lassante par l’interaction d’un objet, un sac rouge, dont le contenu est appelé à bousculer les habitudes de la jeune femme et introduire cette dernière dans une sorte de tourbillon temporel chimérico-fantasmagorique. La morne attitude se transforme alors en une sorte d’espoir de vie, de joie, l’identification à laquelle on assiste suscitant de bonnes émotions et malheureusement de douloureuses désillusions.

Comme il se doit, le message est intégralement porté par l’illustration toute en sensibilité que l’auteur maîtrise remarquablement. A l’appui d’un crayonné abondant traduisant un réel savoir-faire, il croque la vie parisienne sur les deux époques dans une restitution particulièrement bluffante. A mi-chemin entre Tripp et Gibrat, son trait s’appesantit sur des décors urbains aux détails impressionnants, grouillant de monde et sur un jeu généreux d’expressions, le tout relevé par une palette de couleurs subtilement choisies avec des dominances du rouge pour caractériser certains points précis (Béatrice, le sac…). Il ne fait aucun doute que Joris Mertens ne plains pas le travail, laissant le soin au lecteur de le découvrir sur des pleines planches historiquement parlantes.

Une histoire originale sans parole qui vous laisse quelque part sans voix !

Par Phibes, le 2 avril 2020

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