The Dark Knight Strike Again

(Batman, The Dark Knight Strike Again 1 à 3)
Bruce Wayne est soi-disant mort depuis quelques années, néanmoins, dans l’ombre, il continue de former ses hommes, aidé dans cette tâche par Cassie ! Pendant ce temps là, l’Amérique continue de se pervertir, sous la coupe d’un président virtuel, manipulé par Lex Luthor, aidé de Brainiac. Ils ont réussi à éloigner la Justice League of America, soit en s’en débarrassant (comme Flash qui est utilisé comme source d’énergie vivante, ou Atom piégé dans un bouillon de culture depuis des années) soit en la poussant à se retirer. Mais Batman décide de revenir et de mener une nouvelle révolution pour abattre ce gouvernement tyrannique et ramener les héros à assumer leur rôle…

Par fredgri, le 8 mars 2016

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Notre avis sur The Dark Knight Strike Again

A sa sortie, cette première suite au fantastique "Batman, the Dark Knight Return" a laissé le lecteur assez dubitatif ! Non seulement parce que sa pertinence n’est pas apparue évidente au premier abord, et ensuite parce que Miller adoptait un graphisme encore plus extrême qu’à son habitude (plus que sur ses derniers Sin City par exemple), le tout accompagné par les couleurs particulièrement flashy et grossières de Lynn Varley ! On était aux antipodes du premier opus, il fallait aussi se donner le temps d’accuser le coup !

Et c’est justement ce qu’il faut avec cette suite, du recul !

Je dois bien avouer que je faisais initialement partie des plus récalcitrants, de ceux qui n’étaient à priori pas séduits par cette extravagance sans finesse qui reprenait grosso modo les mêmes bases scénaristiques que DKR ! Néanmoins, avec une seconde lecture, le scénario gagne en force et en rage. Miller entraîne cet univers vers une sorte de brulot sans concession contre le capitalisme de droite et prône un interventionnalisme sans détour. Si l’état n’est plus en mesure de protéger le citoyen, si ses intérêts ne rejoignent plus celui du peuple, il faut que ce dernier se réapproprie les pouvoirs, qu’il réagisse dans la rue. C’est évidemment très intéressant, sauf que, comme à son habitude, Miller ne fait pas dans la nuance, brossant le portrait d’une société majoritairement pervertie, avec des citoyens sans positionnement, qui se font laver le cerveau en boucle par le flot d’images diverses qui déferle de leurs écrans. Ce cynisme ambiant a même amené les gens à accepter sans problème que leurs héros soient mis au rencart, voir même éliminés de la scène publique !

Plus aucun espoir dans cet univers, juste quelques vieilles valeurs surannées comme l’héroïsme, l’honneur ou la fraternité peuvent ranimer ce besoin de réagir, se relever et tendre le poing !

Le propos de Miller n’a donc fondamentalement rien perdu de sa force, si ce n’est qu’il a gagné une légère dimension réactionnaire, amplifiée par ses plus récents travaux !
Toutefois, alors que sort le DK3, il est intéressant de regarder ce deuxième volet et de bien se rendre compte de l’évolution de l’histoire. Miller reprend donc le modèle narratif de sa première mini-série, avec cette fois, un héros devenu iconique, symbole de ce qu’un héros doit accomplir, loin des conventions, des sempiternelles concessions. A la place de Batman on pourrait presque voir Miller lui même qui avait alors la possibilité de s’exprimer sur l’industrie du comics en présentant un héros déchu qui continue à prendre position contre une industrie noyée dans les effets de manches, qu’il s’agisse des gros effets flashy, des mises en page vides au storytelling basiques et sans inspiration…
Pour appuyer son propos, Miller opte pour une mise en image extrêmement épurée, laissant libre cours aux splash pages, aux plans larges et aux gros effets de couleurs bien vives et photoshopées à l’extrême qui piquent les yeux !

Le constat est sans appel, pour se battre contre cette effervescence sans âme il faut lui appliquer ses propres armes… Mais la démonstration manque très vite de finesse, apparaissant plutôt facile même. Devant nous s’étalent ainsi des pages qui se lisent en quelques secondes, très redondantes ! On regrette le Miller virtuose qui proposait jadis un storytelling exemplaire et audacieux, jouant avec maestria avec les plans, les angles de vue, les cadrages… Tout ce qui faisait son écriture hors du commun est ici réduits à quelques tics visuels qui laissent dubitatifs !

On reconnaît malgré tout une vraie rage dans le positionnement du héros, dans ses actes, mais on se dit qu’avec un Miller plus consciencieux graphiquement, ça aurait pu être tellement beau aussi !

Aujourd’hui, quinze ans après sa parution initiale, cette mini-série fait encore réagir. Son propos reste on ne peut plus vivant (surtout en écho avec l’actualité !!!) et son graphisme ranime le souvenir du Miller d’avant, qui nous enthousiasmait, l’égal d’un Moore par exemple ! Une époque lointaine, en somme !
Toutefois, je vous encourage à relire ces albums de Dark Knight avant d’entamer le dernier opus qui sort actuellement, histoire de mieux apprécier l’évolution du personnage, même si vous risquez vite de vous rendre compte que tout reste un éternel recommencement !

Par FredGri, le 8 mars 2016

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