Batman : Year one

Bruce Wayne est un jeune homme qui revient à Gotham City après dix-huit ans d’entrainement pour enfin devenir celui qu’il ne souhaite pas être : Batman. En parallèle, le lieutenant James Gordon fait ses premiers pas dans cette ville dont il ne va pas tarder à découvrir le fonctionnement plus que corrompu…

Par melville, le 26 août 2010

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Notre avis sur Batman : Year one

Cela fait vraiment plaisir de pouvoir relire une histoire de Frank Miller du temps où il était pleinement inspiré et pas encore devenu la caricature de lui-même. Seulement un an après avoir réalisé son chef-d’œuvre incontestable qu’est The Dark Knight Returns mettant en scène un Batman vieillissant, il s’attaque cette fois à la jeunesse du Chevalier Noir. Et autant dire tout de suite qu’encore une fois c’est un récit qui vaut du point comme on dit, et peut-être encore davantage car pour l’occasion Miller s’associe à David Mazzucchelli pour les dessins. Deux géants du comics réunis une nouvelle fois (ils avaient déjà travaillé ensemble sur Daredevil) dans une histoire de l’un des plus captivants héros de chez DC Comics : pour une fois on peut remercier les éditions Panini d’avoir eu l’idée de rééditer cet incontournable.

L’approche de Miller est vraiment originale et plutôt inattendue car pleine de subtilité et tout en retenue. Après une version très « théâtrale » de l’univers de Batman dans The Dark Knight Returns où régnait la décadence presque post-apocalyptique d’un monde ravagé, Miller réoriente sa vision en ancrant son récit dans le réel. Percutante de justesse, sa démarche est crédible et gagne en épaisseur. Elle touchera même ceux pour qui Batman et tous les autres types avec le slip par dessus le collant ne représentent aucun intérêt.
Dans cette histoire, Batman est un personnage qui n’apparaît que très peu, il en devient même presque anecdotique : c’est comme une ombre qui hante les pages. Plus qu’une entité propre, Miller fait de Batman une « idée » qui deviendra plus tard un mythe… Dans sa démarche de réalisme, l’auteur se concentre sur un aspect tangible : l’humain. L’homme et ses préoccupations, l’homme et son rapport au monde et aux autres. Le véritable héros de cette histoire n’est donc pas Batman, ni même Bruce Wayne d’ailleurs mais James Gordon, et c’est en cela que réside toute sa force. Le lieutenant Gordon comme « miroir légal » de Batman le hors-la-loi, Gordon comme pilier pour soutenir un homme à la lourde tâche, Gordon comme ami.
Récit aux accents de polars, Batman : Year one est avant tout une histoire d’homme, d’amitié sincère et tacite entre deux personnages qui ont chacun besoin de l’autre pour exister, car comme le dit David Mazzucchelli « En fait il veut se rendre inutile. Batman est un héros qui ne veut pas avoir à exister. ».

Côté dessin, David Mazzucchelli (aujourd’hui grand nom de la bande dessinée indépendante nord américaine) nous gratifie d’un superbe travail. L’auteur possède un grand talent de la mise en scène et il apporte beaucoup de soin à ses illustrations toujours détaillées avec minutie. Son trait saisit à chaque instant avec expressivité le ressenti de ses personnages. Et épaulé par la très réussie mise en couleur de Richmond Lewis, le final laisse transparaître un léger côté vintage au charme fou.

A noter aussi que la présente édition cartonnée est agrémentée d’un cahier de bonus où Mazzucchelli décrypte un peu son travail sur cet album sous la forme originale de planches de bd. Ils renferment aussi de nombreuses planches en crayonnées où on peut pleinement apprécier le talent de ce grand artiste.

Alors voilà, Batman : Year one est un comics incontournable pour tout les amateurs du genre mais aussi une bande dessinée forte qui j’espère convaincra les sceptiques par son approche peu commune. Un must à posséder d’urgence !

Par melville, le 26 août 2010

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