BATMAN TERRE-UN
Volume 1

Bruce Wayne est le jeune fils de Martha Arkham et de Thomas Wayne, tout deux de très riches notables de Gotham. Thomas se présente justement aux élections pour la mairie et ce soir, devant els sondages très positifs qui se profilent il décide d’aller au cinéma avec sa femme et son fils ! Mais une panne d’électricité les oblige à sortir, se retrouvant ainsi dans une ruelle sombre ou ils se font attaquer, laissant le jeune garçon orphelin et traumatisé. Il est pris en charge par un ami de son père, Alfred Pennyworth. Mais les années s’écoulant le jeune homme cultive une soif de vengeance qui va le pousser à devenir Batman…
En parallèle, l’inspecteur Gordon prend de plus en plus conscience qu’il est temps de faire quelque chose contre la corruption de la ville, et plus particulièrement celle du maire, Oswald Cobblepot !

Par fredgri, le 6 août 2013

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Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur BATMAN TERRE-UN # – Volume 1

Qu’il s’agisse de DC ou de Marvel le constat est le même, il faut séduire un nouveau lectorat. Alors à grand renfort de reboot, de nouvelles directions éditoriales, de collections alternatives… Chacun y va de ses projets sensés poser une nouvelle fois les bases des grandes figures de la boite. Marvel a lancé ses "Season One" et DC contrebalance avec ses "Earth One" ! En soi, ces histoires n’ont pas forcément d’intérêt pour les lecteurs habituels, c’est de la redite, on ne fait qu’énoncer les éternelles origines en les rafraichissant et en les modernisant légèrement, on aura la même chose dans 5/6 ans etc. les nouveaux fans n’ont aucune culture de l’Histoire, du patrimoine, ils ne savent pas utiliser Google pour connaître ce qui s’est fait auparavant, il leur faut donc du sempiternel prémaché, constamment, sans effort !
Néanmoins, ici, au contraire de l’album sur Superman traduit par Urban auparavant, nous avons droit à un album d’une très grande qualité, tant sur le point du scénario que graphiquement !

Car, certes cela reste de la redite quelque peu redondante, après tout on connait tous les origines de Batman, ses parents, les chauve souris etc. On a vu les films, dans le meilleur des cas peut-être même a-t on lu des BD, toujours est-il que oui, cet album nous ressort tout ça… Toutefois, le travail de Johns est aussi plus en profondeur. Il raffermit, par exemple, la relation entre Alfred et Bruce, se débarrassant de l’éternel statut domestique du vieil homme pour en faire un véritable mentor, que je trouve personnellement très charismatique. Il y a beaucoup de finesse dans le rapport entre les deux et les planches mettant en scène leur première rencontre sont d’une incroyable subtilité.
Ainsi Johns garde bien les éléments habituels, les fondements du mythe du Batman, mais il les redynamise, il les caractérise autrement, de façon à les rafraîchir tout en installant un cadre très tendu, plein de drame. De plus il aère beaucoup son récit, insistant sur certain détails, sur des scènes plus posées tout en sachant admirablement bien caler ce qu’il faut !
Son Bruce gagne en fragilité, en maladresse, il n’est pas encore cet homme qui doit jongler entre sa vie publique et sa carrière de justicier, ici, il semble plus que jamais habité par sa "mission", une mission qui le ronge, pendant que la ville s’embourbe dans la corruption et la luxure. Il y a donc une grande part de tâtonnement, d’obstination dans ce personnage. Et c’est justement ce qui rend l’approche de Johns intéressante, cette façon de définir le héros par sa faculté à apprendre, à se relever après chaque chute. Et Alfred est vraiment un excellent vecteur de leçon, à ce niveau là ! On n’évite malheureusement pas la touche très "grim and gritty" propre à Johns et à Batman, c’est sombre, violent, avec un petit côté malsain dans les angles… Cela ne me gène pas dans l’absolu, mais du coup je doute que cela accroche sur un public plus jeune ! A voir !

Mais l’autre remarquable surprise de cet album c’est le travail absolument sublime de Gary Frank. Chacune de ses planches laisse sans voix, c’est d’une très grande subtilité, tant dans le jeu sur les expressions, sur les détails, sur cette façon d’alterner l’action avec des moments plus posés. Une très très grande leçon de narration ! Frank est vraiment au sommet de son art avec cet album. On avait pu voir avec ses back-up dans Justice League qu’il n’avait cessé de progresser, mais là j’avoue que je suis complètement sous le charme !

Ainsi, cet album, qui aurait pu se contenter de suivre la recette de la collection, sans prendre de risque, devient un véritable chef d’œuvre indispensable, une très très belle découverte que je ne saurais assez vous conseiller !

Par FredGri, le 6 août 2013

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