Batman, créature de la nuit

(Batman, Creature of the night 1 à 4)
Alors qu’il rentre d’une soirée Halloween, en se baladant avec ses parents, le jeune Bruce Wainwright découvre que leur appartement vient d’être cambriolé et que le voleur est toujours sur place. Surpris, ce dernier assassine les parents et tire sur l’enfant ! Quand il reprend connaissance, Bruce est envoyé à l’Académie pour y continuer ses études, sous le tutorat du vieil ami de ses parents: Alton Frederick… Mais le jeune garçon se prend de passion pour le héros de comics, Batman et s’aperçoit du parallèle entre sa propre vie et celle du héros de Gotham. Tout au long de ses études, qu’il mène avec succès, il commence à se forger une sérieuse réputation de bon samaritain altruiste qui en vient même à aider à son tour les orphelins dans leurs études en leur octroyant des bourses. Mais petit à petit, dans son esprit, il se persuade qu’il peut être davantage, pourquoi pas Batman lui même… ?

Par fredgri, le 14 septembre 2020

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Notre avis sur Batman, créature de la nuit

Comme chaque année dorénavant, Urban Comics propose sa traditionnelle collection en noir et blanc, qui est donc cette fois l’occasion de découvrir les incroyables planches de John Paul Leon sans couleur… Autant le dire tout de suite, c’est un véritable privilège (une telle version n’existe pas encore aux states par exemple) ou l’on peut admirer la science de la lumière, des contrastes, des noirs de cet artiste hors norme. J’irais presque jusqu’à dire que s’il y avait une version à posséder, celle là prendrait certainement le dessus sur la classique !

Et c’est intéressant de voir qu’après quelques moments très difficiles où les deux auteurs ont du affronter la maladie et des soins extrêmement durs et éprouvants, mettant en suspens la production des épisodes successifs, ils nous proposent ici un récit exceptionnel !

Mais revenons à l’album lui même !
Dès le début, Busiek sème le doute. S’agit-il de la réalité (inscrite dans le DCverse, je veux dire) ou d’une version alternative ? A quel moment le jeune Bruce va-t il découvrir qu’il est piégé par je ne sais quel vilain qui lui aurait lavé le cerveau, par exemple !!! Plus nous entrons dans l’histoire, plus nous sommes fascinés par ce portrait décalé du mythe Batman, une sorte de réinterprétation psy de cet univers ou le scénariste pose très clairement la question de la réalité subjective. Ce Batman ne serait-il pas la manifestation d’une certaine névrose enfouie profondément ?
Le lecteur ne sait plus trop ou il se trouve, il écoute le jeune homme se poser des questions, tenter de mieux comprendre ce qui lui arrive, tandis qu’il observe les éléments périphériques, qu’il voit se glisser des parallèles avec les comics… !
C’est absolument passionnant ! On entre dans le jeu, on redécouvre ces thématiques du héros, de la justice, on tente de trouver des éléments de pistes pour mieux appréhender la suite !

Et c’est cet ensemble d’éléments qui rend cette mini-série particulièrement magique. Un très adroit mélange de réalisme, de pertinence et de réflexions intelligentes sur le sens profond de nos lectures et de qu’elles signifient pour nous, ce qu’elles nous proposent sur le monde qui nous entoure !

Toutefois, il ne s’agit pas de condamner ou de poser un œil cynique sur les comics, très loin de là, mais bel et bien d’explorer avec modernité le rapport entre un personnage et son alter égo !

Graphiquement donc, John Paul Leon est bien évidemment parfait dans sa prestation. Un dessin extrêmement contrasté et sans concession, tout en gardant une finesse d’exécution époustouflante. Du très grand art, un artiste au sommet de ses capacités, transcendé ici par le Noir et Blanc absolument sublime !

Je ne saurais assez vous conseiller de vous jeter sur ce volume exceptionnel !!!

Par FredGri, le 14 septembre 2020

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