Báthory

A la tête du château de Cachtice, la Comtesse Elisabeth Báthory devient victime d’un complot l’accusant de plusieurs centaines de victimes. Ses serviteurs sont arrêtés et débute un procès dont les aveux sont obtenus sous la contrainte, faisant de cette femme la « Comtesse sanglante ». La réalité historique est pourtant, peut-être, toute autre…

Par v-degache, le 1 octobre 2022

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Notre avis sur Báthory

Insérant son récit dans une Hongrie du début du XVIIème siècle en proie aux attaques ottomanes, Anne-Perrine Couët tente une réhabilitation de la « Comtesse sanglante », Elisabeth Báthory.
Mariée à Ferenc Nadasdy en 1575, elle se retrouve à la mort de celui-ci propriétaire d’un vaste domaine qui suscite les convoitises. S’appuyant sur ses pratiques, et celles d’une partie de sa cour, de la médecine, de la chirurgie et de savoirs occultes, le palatin de Hongrie György Thurzö lance une enquête qui va faire de la comtesse une sorcière, tueuse en série (on lui attribue jusqu’à 650 victimes !), torturant des jeunes filles. Ses serviteurs, condamnés à mort après une parodie de procès, elle finira quant à elle sa vie emprisonnée.

Anne-Perrine Couët alterne les planches consacrées au procès, où les témoignages sont obtenus sous la torture, et les retranscriptions des débats peu fidèles aux paroles prononcées, aux scènes de la vie au château de Cachtice. Elle parvient à montrer comment l’élimination de cette femme de plus en plus gênante naît, s’appuyant sur des rumeurs, s’organise, sur fond de rivalités et jalousies politiques. Le problème que pose à cette époque une femme indépendante, riche, et forte, pratiquant des actes pouvant vite être associés à de la sorcellerie, est aussi présent.

Le dessin réaliste de l’auteure est superbe, son encrage donne une grande expressivité à sa galerie de personnages. Les idées graphiques fonctionnent aussi pleinement (utilisation d’ombres chinoises, insertion d’animaux mythologiques, passages où les acteurs sont caricaturés en nains…), faisant de ce Báthory un très bel album qui tente de rétablir une vérité, ou tout du moins de montrer comment les éléments peuvent se lier contre une personne, et aboutir à sa destruction pure et simple, puis à la diffusion d’une légende noire.

Ne tremblez pas à l’idée de découvrir la « Princesse Dracula », ce récit est superbement mené et dessiné par Anne-Perrine Couët, que l’on espère revoir très vite !

Par V. DEGACHE, le 1 octobre 2022

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