Batchalo

En ce mois de février 1939, la colère gronde parmi la population d’une bourgade tchèque. En effet, deux enfants du pays, Roman et Johann, ont disparu sans laisser de trace. Considérant qu’une troupe de tziganes campe non loin de la ville, les coupables sont vite trouvés. Toutefois, après quelques explications avec les itinérants, il s’avère que non seulement les deux gamins ne sont pas là mais qu’en plus, dix des leurs ont également disparu. Les gitans se lançant à la poursuite de leur progéniture, Josef, policier et père de Roman, décide de se joindre à eux dans leurs recherches. C’est ainsi qu’au fil d’une quête d’indices plutôt ardue, alors que le pays se voit placé sous le joug de l’Allemagne hitlérienne, le groupe découvre bientôt que leurs enfants, qui ont été emportés vers le nord, se trouvent entre les mains des nazis. Aussi, se dirige-t-il vers la frontière allemande, prêt à franchir les portes de Berlin. Malheureusement, la guerre n’étant pas loin, Josef et ses compagnons sont arrêtés et déportés au camp de Lety pour vivre les pires sévices.

 

Par phibes, le 18 septembre 2012

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Notre avis sur Batchalo

Comme pour répondre à une actualité brûlante concernant le démantèlement des camps illégaux et le rapatriement des roms vers leur pays d’origine, Michael Le Galli semble saisir le sujet pour nous conter, au travers de ce one-shot, les terribles vicissitudes que ce peuple itinérant a subi lors de la seconde guerre.

Autour d’une assise historique qui malheureusement ne manque pas de références (la persécution des gitans à l’instar de celle des juifs), le scénariste s’est attelé à constituer sa fiction (très proche de la réalité et de manière alternée) débutant par le rapt d’enfants. Par ce biais, il vient dès le départ camper la délicate cohabitation entre les nomades et les citadins et par la suite, créer une association atypique pour une quête commune entre un gadjo et une troupe tzigane.

L’histoire ainsi contée, vue par Josef sur plusieurs années, se veut émotionnellement convaincante par le fait qu’elle témoigne d’exactions particulièrement ignobles perpétrées sur des êtres humains par d’autres êtres humains. A ce titre, Michael le Galli nous fait toucher du doigt la façon dont étaient considérés les Roms, en sous-hommes, parqués dans des camps insalubres (tristement célèbres comme Auschwitz) et subissant les pires sévices. Il nous permet de côtoyer des bourreaux nazis tels Ritter et Mengele qui, en êtres supérieurs, se sont adonnés à des expériences horribles sur les enfants.

Dans ce contexte pour le moins dégradant et angoissant, on pourra apprécier par ailleurs le didactisme de l’histoire qui, employant de temps en temps le jargon tzigane, nous sensibilisera à la culture de ce peuple. Par les yeux de Josef, le lecteur se faufilera au sein de la communauté, pour croiser des personnages clés tels Chachu ou Silenka.

Avec ce premier ouvrage, Arnaud Bétend débute fort. Le réalisme de son dessin est pour le moins remarquable et démontre déjà une maîtrise du trait subjuguante. Ses vignettes, agencées classiquement, sont toutes admirables et démontrent la rigueur employée. Ses décors sont probants de par leur richesse, ses personnages sont criants de vérité dans leurs expressions les plus diverses. Pour les besoins de cette histoire, l’artiste a utilisé grassement et avec soin la couleur sépia, donnant ainsi un aspect vieilli qui est loin d’être désagréable.

Un témoignage aux accents dramatiques qui ne laisse pas de marbre.

 

Par Phibes, le 18 septembre 2012

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