L'enfant de la mort

Quinze ans après le terrible drame qu’il a vécu à Monte Christo où toute sa famille a été décimée par une bande de mercenaires à la solde du tueur Bob Bernard et du gouvernement français, un jeune homme débarque au Havre totalement démuni. Attiré par l’animation d’une petite fête foraine, il assiste à un combat musclé mené par un catcheur masqué, se nommant le Baron. Intrigué par cette personnalité hors du commun qu’aucun adversaire n’arrive à faire fléchir, il l’approche et finit par suivre son enseignement pour assurer sa relève. Quelques mois plus tard, lors d’un combat qui le rend vainqueur, le jeune homme croise le regard de Bob Bernard. Submergé par l’émotion, il le poursuit et le trucide après que le tueur ait assassiné son mentor et lui ait brûlé profondément le visage. Fou de douleur et épris de violence extrême, le jeune mutilé n’a d’autre possibilité que de surmonter son malheur grâce aux bons soins de Maman Brigitte, sa nouvelle compagne, et d’assumer son nouveau dessein, celui de se venger de la République: Baron Samedi est né !

 

Par phibes, le 5 octobre 2010

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Notre avis sur L’enfant de la mort

Amateurs de sensations fortes et d’hémoglobine sur fond de vengeance exacerbée, Baron samedi est là pour nous combler. Sorti tout droit d’une cogitation bouillonnante d’un certain Dog Baker, auteur américain, et adapté pour la version française par deux éminents auteurs, Didier Convard (Le triangle secret, Tanatôs,…) et Eric Adam (Les carrés, Petite mort en un acte…), Baron Samedi nous emmène aux frontières de l’horreur et de la manipulation psychologique la plus effroyable.

Appellation tirant en principe ses origines de la religion vaudou, Baron Samedi est ici un personnage sans nom torturé qui appartient à prime abord à la culture latine. De par la tragédie qu’il vit lorsqu’il est enfant, il vient à se transformer en tueur sans pitié après avoir été influencé par l’effigie de celui qui va devenir, le temps d’une éducation physique, le catcheur sans défaite, le Baron.

S’écartant totalement de l’image du justicier masqué, Baron Samedi, empli d’une morgue sans fin vis-à-vis de l’Hexagone entier des années 60, ne tarit pas des pires exactions. Utilisant sa force intérieure, sa hargne insatiable et son insolente détermination, il tue à tour de bras dans des mises en scène effarantes. De fait, le sang coule à flot, chose que sait faire avec maîtrise Dog Baker qui atteint dans ses scènes une violence extraordinaire et quelque peu enivrante.

La pression scénaristique dans laquelle est plongée le lecteur, au gré d’une voix-off ensorcelante et de dialogues incisifs, ne faiblit à aucun moment. Ce dernier se voit ballotté dans des péripéties rythmées par le jeu morbide du vengeur qui mystifie aisément tout le monde y compris les forces de l’ordre (en l’occurrence le policier Le Porc) et qui, au fil de l’histoire, va crescendo.

Dans cet environnement de débauche hémoglobineuse, vient s’associer un érotisme sans outrance porté essentiellement par Maman Brigitte, ingénue ayant elle aussi connu la détresse morale, suffisant pour générer une ambiance sensuelle qui se mêle harmonieusement à la folie meurtrière et irréversible de son compagnon.

On pourra être subjugué par le dessin de Dog Baker qui fait étalage d’une inspiration ligne-claire. Son trait est réaliste, d’une finesse et d’une souplesse redoutables et d’un effet saisissant quant il s’agit de scènes sanguinolentes. A ce titre, on sera soufflé par le choix des couleurs (le rouge étant une couleur dominante par rapport aux ambiances générales grisées) qui créent des ambiances d’une agressivité extrême et intenses.

Un one-shot envoûtant, acide et un tantinet déroutant, qui ne laisse certainement pas insensible de par la débauche de violence mortelle dont est porteur le personnage principal et dont la perfidie pousse à mieux préserver notre descendance. A réserver à un public averti.

 

Par Phibes, le 5 octobre 2010

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