BAR DU VIEUX FRANCAIS (LE)
Intégrale

Célestin et Leila sont deux gosses devenus adultes avant l’heure, forcés de s’exiler pour essayer de mieux se découvrir. Leila veut connaître le Maroc, le pays de ses ancêtres, tandis que Célestin fuit son village au fin fond de l’Afrique, avec sa petite sœur !
Un jour, au bout de plusieurs pérégrinations, ils se rencontrent complètement par hazard, dans un bar isolé, ou un vieux français commence à leur raconter ses histoires… !

Par fredgri, le 1 janvier 2001

Notre avis sur BAR DU VIEUX FRANCAIS (LE) # – Intégrale

J’ai découvert le travail de Jean-Philippe Stassen et Denis Lapière avec ces deux albums (rassemblés ici en une Intégrale) qui m’ont tout de suite impressionné ! Un ami m’a présenté un jour le premier volume en me demandant si j’avais déjà vu un tel graphisme auparavant !
Et je pense que c’est le dytique idéal pour entrer dans l’univers de ces deux auteurs à l’écriture très fine, au regard très personnel !
Car « Le bar du vieux français » nous plonge dans une sorte de conte moderne, digressif et contemplatif. Nous suivons le destin de deux jeunes qui veulent se redécouvrir, allez jusqu’au bout de leurs aspirations, comprendre le monde qui les entoure et y trouver leur place !
Nous « écoutons » alors la voix de ce vieil homme qui nous raconte l’histoire, touché par ces deux « personnages » qu’il a un jour croisé et qui l’ont ému par leur authenticité !

Il ne s’agit nullement d’un récit épique ou même édifiant, avec une morale forte, il ne s’agit pas non plus d’insister sur le drama que pourrait traverser les héros qui n’en sont d’ailleurs pas… Denis Lapière construit son récit au rythme des errances de Célestin et Leila qui se lancent à l’aventure sans même savoir vers ou tout ça les amènera. Mais, malgré tout, on est captivé par cette histoire qui prône une sorte de réalisme doux et subtil, allié à une écriture d’une très grande finesse et un dessin absolument sublime.
Un journal de voyage fictif, à la rencontre de cultures, de personnalités bien différentes qui finissent un jour par se croiser !
Mais la rencontre entre ces deux êtres est-elle vraiment au cœur de ce récit ? Pas forcément, car ils prennent le temps de vivre leur parcours, s’en nourrir, ils ne se connaissent pas encore, mais peut-être rêvent ils un peu l’un de l’autre…

Le seul élément sur lequel je pourrais éventuellement émettre un doute c’est sur la façon de traiter l’histoire d’amour entre eux deux. A force d’évoquer, d’effleurer vaguement cette passion sans vouloir trop en faire, sans insister, Dénis Lapière finit par l’étioler doucement en lui ôtant la flamme qui aurait pu la transcender, qui aurait pu nous faire croire en ces lettres que les deux jeunes amoureux se sont ensuite envoyés, cette émotion dans les mots, dans le geste…

En contre partie, l’histoire est complètement magnifiée par le trait de Jean-Philippe Stassen qui s’est trouvé un style extrêmement personnel, nourrit de ses propres voyages, de ces cultures qu’il a croisées et qui se sont glissées en lui. Son style évoque l’Afrique, le Magreb, ces tapisseries colorées, ces ornements de tissus, ces teintes chaudes. On ne peut que tomber sous le charme de ces atmosphères sans pareil !

Aujourd’hui, au moment ou je réécris cette chronique, presque trente ans après la publication des albums, redécouvrir cette histoire reste toujours agréable, une vraie rencontre avec deux auteurs, alors au début de leur carrière, qui proposaient une bande dessinée de l’émotion, de la sensibilité !

N’hésitez plus !

Par FredGri, le 10 décembre 2002

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