Balzac et la petite tailleuse chinoise

 
Parce que leurs parents ont été jugés ennemis du peuple, Ma et Luo sont envoyés avec leurs familles en montagne, en "rééducation". Les deux tout jeunes adultes y sont exploités en qualité de mineurs de fond. A l’occasion d’une sortie en ville, l’un deux rencontrera chez un tailleur la fille de ce dernier ; sans doute la plus jolie fille du secteur ! Les deux jeunes hommes se lieront d’amitié avec cette fille dont ils tomberont amoureux. Ils vont également découvrir qu’un autre "rééduqué" est en possession d’une malle dans laquelle il cache des traductions de livres occidentaux, ce qui est parfaitement interdit ! La lecture deviendra un échappatoire pour Ma et Luo. Elle sera aussi pour le premier un outil qu’il utilisera pour que la petite tailleuse se cultive et ne soit donc plus seulement la pauvre paysanne ignorante qu’elle serait sinon restée.
 

Par sylvestre, le 11 décembre 2017

Notre avis sur Balzac et la petite tailleuse chinoise

 
Balzac et la petite tailleuse chinoise est au départ un roman de Dai Sijié qu’il a écrit en français et qu’il a lui-même ensuite porté à l’écran. Aujourd’hui, cette oeuvre est également adaptée en bandes dessinées et c’est aux éditions Futuropolis qu’on peut la découvrir, signée par Freddy Nadolny Poustochkine, un artiste sensible à la culture asiatique à qui l’on doit déjà la BD La colline empoisonnée. Sur près de 320 pages, FNP reste fidèle à l’oeuvre originelle de Dai Sijié en nous livrant toutefois sa vision du récit (cadrages, composition, couleurs…).

Ma et Luo, fils de médecins, se retrouvent à la montagne en rééduction tels des gamins qui ont tout à réapprendre sans avoir accès à grand-chose. Ils ont cependant leur âge, sont presque adultes, et leur rencontre avec la belle fille du tailleur va chambouler leur difficile quotidien. C’est avec la voix off de Ma qu’on vit l’histoire. On partage au plus près de lui et de son ami Luo les peines qu’ils endurent et les joies qui leur donnent de l’espoir.

La première partie de cette bande dessinée ressemble à ces séquences qui, dans les films, captent l’attention du spectateur avant même que le générique de début soit apparu. Le titre de la BD arrive ainsi après ce préambule, suivi ensuite par le "premier" (!) chapitre. Cette entrée en matière suffocante dans laquelle on voit Ma nu, courbaturé par sa progression dans un étroit boyau souterrain et complètement démoralisé, nous donne un bon aperçu de la qualité graphique dans cet ouvrage. Elle nous donne aussi le ton sur la qualité des textes ; pas tant en termes de qualité littéraire qu’en termes de justesse des propos, des ressentis, des émotions…

Ceux qui ont lu le roman ou vu le film apprécieront d’entrer à nouveau dans l’oeuvre de Dai Sijié mais par cette version en bandes dessinées. Les autres auront le temps de pénétrer profondément dans le récit et dans ses ambiances entre tristesse, fatalité et espoir. Le travail du dessinateur coloriste est à saluer : sa gestion des couleurs, des ombres, des lumières et des silhouettes est fort bien maîtrisée. Elle donne une véritable identité à cette belle adaptation dont le rythme lent et équilibré envoûte au point qu’on a froid, qu’on frémit, qu’on prend plaisir ou qu’on "laisse partir" en communion avec Ma et Luo.
 

Par Sylvestre, le 11 décembre 2017

Publicité