AZRAYEN
Intégrale

Le capitaine Valéra est envoyé avec son unité en Kabylie afin de retrouver la section de Messonnier qui s’est évaporée dans la nature sans la moindre explication. Les recherches par hélicoptères n’ont rien donné. Le mystère est entier. Pour le responsable du secteur, il est difficile de croire à un passage à l’ennemi aussi massif. Il ne croit pas non plus à une attaque des fells, qui aurait très probablement laissé des traces.

Valéra part donc pour une recherche terrestre, allant de villages en villages. Outre ses soldats, il est accompagné par un pied-noir qui parle couramment kabyle et arabe pour avoir grandi avec les Algériens. L’homme a aussi ramené, sans trop lui demander son avis, Taklhit Allilat, institutrice et maîtresse de Messonnier. Il pense qu’elle pourra leur être utile dans ce périple.

Par legoffe, le 2 janvier 2010

Publicité

Notre avis sur AZRAYEN # – Intégrale

La guerre d’Algérie reste encore, de nos jours, un sujet relativement tabou. Giroud a donc eu une très bonne idée en racontant cette histoire qu’il tient, pour partie… de son père. En fait, c’est en découvrant un de ses carnets que Frank Giroud a eu envie de partir sur ses traces et de réveiller ce conflit trop souvent enterré avec les souvenirs douloureux, ceux de l’horreur d’une guerre qui n’avait pas voulu dire son nom.

Giroud raconte d’ailleurs, à la fin du livre, son enquête, ses rencontres. Son premier témoin était, bien entendu, son père lui-même, enthousiaste lorsque son fils lui annonça son envie d’écrire une histoire sur la Guerre d’Algérie. D’anciens camarades sont contactés, des documents ressortent. Giroud constitue ainsi son puzzle, celui de multiples histoires dans l’Histoire.

Père et fils partent même sur le terrain afin de s’imprégner des lieux, de rencontrer des hommes qui ont combattu au sein du F.L.N. Ces pages de documentations sont très intéressantes. Elles nous offrent un épilogue vivant et assez optimiste après un récit tendu, où la mort et le désespoir sévissent dans tous les camps.

L’histoire, justement, nous plonge dans ces belles régions algériennes, au coeur d’un peuple tiraillé entre l’envie de vivre en paix et celle d’être libre, sans subir les inégalités permanentes entre Européens et Arabes.

Giroud nous offre un témoignage poignant, sans jamais juger. Il n’y a ni bonne guerre, ni justes causes ici. Il y a des hommes plongés dans un contexte particulier et qui doivent se battre. Des brutes, des tueurs, il y en a des deux côtés. Et chacun pense avoir raison en combattant l’autre. C’est dans cette atmosphère qu’évoluent les soldats de Valéra. La peur, l’incompréhension de deux peuples et de deux cultures opposées, tout cela mène à des drames, à des morts. Les dernières cases de cette aventure résume bien, d’ailleurs, la spirale infernale de cette guerre, avec ces enfants dont le village venait d’être détruit et dont les yeux, “en quelques minutes, avaient perdus toute innocence. Ils étaient devenus durs, impitoyables et cruels comme ceux de leurs aînés.”

Un bien bel ouvrage dessiné avec force par Lax qui nous fait revivre l’histoire de façon très réaliste. Il parvient aussi à créer une ambiance bien particulière, notamment grâce à la mise en couleur, entre jaune et ocre. Des teintes troublantes qui signent peut être le crépuscule non d’une guerre, mais d’un humanisme déchu.

Cette version intégrale, qui rassemble les deux tomes, est donc un achat rigoureusement conseillé. Vous pouvez aussi en trouver une version spéciale “20 ans d’Aire libre”, avec des planches de croquis supplémentaires, parue en 2008. Et si le conflit algérien vous intéresse, je vous conseille également un livre qui raconte, lui, le contexte de l’époque, “Petite Histoire des Colonies Françaises” (éditions FLBLB), dans un style totalement différent et décalé, mais très intéressant.

Par Legoffe, le 2 janvier 2010

Publicité