Aziyadé

En 1876, Pierre Loti, jeune officier de marine de passage à Salonique (en Grèce sous la domination turque) croise le regard d’une jeune et belle odalisque aux yeux verts. Que se passa-t-il à ce moment là ? L’un comme l’autre vont tomber éperdument amoureux et vont vivre une éphémère mais puissante histoire d’amour au cœur de la guerre russo-turque, en pleine crise des Balkans.

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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2 avis sur Aziyadé

Mélancolique et lent, le récit de Pierre Loti au titre éponyme est plutôt agréablement adapté par Franck Bourgeron. L’environnement, l’architecture ou encore les styles vestimentaires sont bien ceux que l’écrivain décrit dans son roman. Le texte est restitué avec précision, des lettres sont extraites du récit et insérées dans les planches. Respectant le roman original, la narration installe les personnages dans une ambiance plutôt langoureuse, Franck Bourgeron avec son style de dessin au trait, les rend sensuels, souples et discrets. Discrets, cela est d’ailleurs nécessaire car les deux principaux personnages vivent un amour impossible. Mais on aurait aimé plus d’expression, plus d’allant dans les mouvements, plus de lumière dans les regards qui, selon Loti, semblent aveuglés par le fantasme et le désir en premier lieu puis par la naissance des sentiments en second lieu. Il dit : « Ce n’était d’abord qu’une ivresse de l’imagination et des sens ; quelque chose de plus est venu ensuite, de l’amour ou peu s’en faut ; j’en suis surpris et charmé. »

Le travail des auteurs est remarquable mais le ton manque de cet éclat qu’on attend à toutes les pages, les visages ne sourient pas ou trop peu, les couleurs très harmonieuses, choisies pourtant dans une palette variée, insistent elles aussi sur l’aspect assombri du récit qui n’a rien de triste dans sa première moitié.

Bien évidemment cette histoire d’amour est tragique, dure et sans concession mais le début est un mirage, une révélation pour trois personnages et c’est bien suffisant pour construire des châteaux en Espagne. Si l’auteur leur eût accordé un peu plus de rayonnement sur les visages lors des premières rencontres, si l’on avait pu déceler cette fièvre qui les enivre comme il dit, le roman graphique aurait exprimé le côté romanesque de cette aventure dont quelques fatalistes rêvent. Mais au lieu de cela, nous sommes proches d’une relation sage et dosée. Difficile équilibre …

La conclusion est parfaite, les couleurs et le style se retrouvent en accord sur un drame final magistral.

Page 126, pour un autre plaisir de lecture, voici un passage du livre non retenu par Bourgeron, qui pourtant déclenche les larmes sans plus de retenue à insérer entre les cases 3 et 4 : « (…)Elle m’aimait, elle, de l’amour le plus profond et le plus pur, le plus humble aussi : et tout doucement, lentement, derrière les grilles dorées du harem, elle est morte de douleur, sans m’envoyer une plainte. J’entends encore sa voix grave me dire : « Je ne suis qu’une petite esclave circassienne, moi… Mais, toi, tu sais ; pars, Loti, si tu le veux ; fais suivant ta volonté ! »

Au final, cette œuvre est un gros travail d’artiste au dessin soigné et inventif à lire pour les romantiques, ceux qui préfèrent l’inaccessible et les lecteurs de Roméo et Juliette. 
Très belle couverture !

Par MARIE, le 19 février 2007

A lire de telles BD, on aurait presque l’impression qu’être officier de la marine britannique au temps de Pierre Loti n’était que promenade touristique ! Ou bien y avait-il un peu de mythomanie dans les lignes des témoignages de ces écrivains d’alors qui, malgré leur jeune âge, avaient déjà visité mille pays et aimé autant de femmes ?

Quoiqu’il en soit, Bourgeron a choisi de ne traiter dans Aziyadé que cette facette-là du séjour turc de Loti : l’histoire d’amour qu’il a vécue avec une femme que convoiter pouvait exposer à de grands dangers.

C’est sur de nombreuses planches et relevé par une jolie palette de peu de couleurs que l’auteur nous fait toucher de l’œil cette passion qu’a connue le militaire voyageur avec celle qu’il aura malgré tout fait mourir de chagrin…

Aziyadé est une très belle BD que ceux qui ont lu Loti comme les autres sauront apprécier.

Par Sylvestre, le 21 mars 2007

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