AWRAH
Le maudit

Mounir, le fil du respecté et respectable Nassim El Abar, est mort, assassiné par Tahar, le frère d’adoption du défunt, pour avoir commis l’irréparable sur la belle Nadia. Résolu à assumer toute la responsabilité de son acte, refusant toute aide de ceux qui le soutiennent et attendant une condamnation à mort certaine, il laisse dans l’affliction la plus totale celui qui l’a recueilli étant enfant. Toutefois, il subsiste un espoir qui peut lui permettre d’échapper au châtiment. Cet espoir, c’est Miskin, un mystérieux mendiant, qui va le lui apporter en le faisant évader de sa geôle et en lui donnant l’occasion de retrouver Nadia et ses nomades. Mais le fuyard parviendra-t-il à trouver la paix pour autant ? Ne s’expose-t-il pas à la vengeance d’Ali, l’autre frère du disparu et également aux recherches assidues du Cadi ? Par ailleurs, est-ce que l’âme de Nassim El Abar trouvera enfin la paix par l’oubli ou au contraire, devra-t-elle être torturée par les aveux d’un passé maudit ?

 

Par phibes, le 15 mai 2010

Notre avis sur AWRAH #2 – Le maudit

Il est des histoires qui, de par leur douceur exotique et également par les embruns tragiques qu’elles véhiculent, ont le don de marquer subtilement notre sensibilité. Awrah en fait largement partie et vient en ce deuxième opus, grâce à une association d’auteurs payante, clôturer un premier diptyque émotionnellement brillant.

Alors qu’on était resté précédemment sur une note tragique ayant pour base l’assassinat de Mounir, Christian Simon et Fuat Erkol restent dans le même contexte. A ce titre, ils viennent évoquer les conséquences d’un tel malheur qui s’appesantit sur la maisonnée du notable Nassim El Abar mais également viennent dévoiler ses origines. Ces derniers ont la maîtrise de leur trame scénaristique et le démontrent avec efficacité dans un alternat redoutable de deux histoires dont on appréhende progressivement le lien. Passé et présent se croisent abondamment pour engager le lecteur dans une voie toute tracée par un personnage qui ne s’identifiera qu’au final et qui lèvera une intrigue bien pernicieuse.

Si le ton général est des plus pesants malgré l’amour omniprésent, on ne pourra certainement pas rester de marbre devant la sensibilité des personnages qui ne pourra être estompée par la pointe de rancœur latente. Tahar, Nassim, Nadia et bien d’autres se découvrent à nous dans leur beauté (intérieure et extérieure) certes, mais aussi dans les épreuves qu’ils se doivent de traverser. L’abnégation, la volonté de plaire à son prochain, la tristesse retenue, l’inclination nature… sont autant de sentiments que chacun exhale avec force et qui ne peuvent trouver qu’un écho favorable auprès du lecteur. Les lieux où se déroulent les évènements sont inévitablement enchanteurs et laissent transpirer un exotisme débordant.

Le charme de cet album passe imparablement par le dessin on ne plus réaliste et merveilleux d’Ana Luiza Koehler. Son superbe travail se distingue particulièrement par sa délicatesse, son détail très pointu et par un aspect voulu vieilli qui, bien sûr, campe l’histoire dans une époque révolue (à l’an 800) et dans un exotisme plein de chaleur. A cet égard, les décors révèlent une authenticité extraordinaire à laquelle la fine colorisation de Guy Raives n’est pas étrangère. De même, les personnages au travers desquels la culture arabe nous est divulguée, sont fortement expressifs, à la fois pleins de douceur, d’éclat et de dureté.

Une fin de cycle sur une admirable histoire dressée tel un conte par un consortium d’auteurs au faîte de leur talent, aux connotations dramatiques, mêlée d’amour et de vengeance à lire urgemment.

 

Par Phibes, le 15 mai 2010

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