AWRAH
La rose des sables

L’existence du jeune orphelin Tahar aurait tourné court si, lors d’un énième vol, ce petit brigand n’avait pas été pris sous l’aile protectrice d’un des notables de Bassora, Nassim El Abar. Aussi, fort de l’enseignement bienfaisant de ce dernier, le jeune Tahar acquiert une certaine considération mal perçue par Mounir, le fils de son maître adoptif. C’est lors de la fête donnée en l’honneur du mariage d’Aïcha, son autre enfant, que Nassim El Abar s’éprend opportunément d’une fille de nomade ressemblant à s’y méprendre à son ancienne femme décédée. Obnubilé par la belle, le Maître sollicite Tahar afin d’intercéder en sa faveur auprès de l’adorable inconnue. Si la mission d’approche ne lui pose aucun problème, la rencontre qui s’ensuit n’est pas du tout celle qu’il attendait. En effet, la superbe Nadia a tôt fait de lui enflammer le coeur. Comment Tahar va-t-il pouvoir assumer cette emprise sans que les relations avec son père adoptif en pâtissent ?
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur AWRAH #1 – La rose des sables

L’éditeur Daniel Maghen (DM) recèle bien des trésors en son sein qu’il est un plaisir de parcourir. Après avoir publié dernièrement un récit d’aventures liées à la découverte du nouveau monde "Canoë Bay", ce producteur met en avant cet autre ouvrage aux allures de conte oriental réalisé par un quatuor d’auteurs bien inspirés dont les deux scénaristes ont déjà fait largement leurs preuves sur la série "Lenny Valentino" chez Bamboo et sur "La marque du démon" chez Albin Michel.

"La rose des sables" est le premier opus d’une saga aux allures des "Contes des milles et une nuits" qui nous imprègnent grassement des saveurs orientales des années 800 à la fin du règne du calife Hârûn ar-Rachîd. On y croise le chemin aux origines tortueuses du héros du récit, à savoir Tahar, dont la destinée va être bousculée suite à la rencontre marquante de trois personnages clés. Nassim El Abar, notable très respecté de Bassora, sera le premier à assurer au petit voleur une éducation digne de ce nom, traité à égalité avec les véritables enfants du Maître. Nadia, fille de nomade, sera la deuxième à lui faire découvrir l’amour et la violence. Une troisième rencontre restant plus énigmatique, est celle du mendiant habillé de noir qui interviendra à des moments précis pour orienter la destinée de Tahar.

L’histoire est captivante, agréablement menée, empreinte d’une sagesse très perceptible dans les dialogues ô combien enchanteurs et respectueux. Cette plénitude (malheureusement éphémère) qui se dégage des discussions simples et pleines de bontés du Maître et de son fils adoptif est contrecarrée par la jalousie montante de Mounir dont les écarts vont être de plus en plus violents. Il est certain que les deux scénaristes ont su mêler splendeurs orientales et tragédie destructrice dans une histoire d’amour savamment dosée en émotions exotiques. Le charme opère indéniablement et nous entraîne là où ça va faire mal.

Question envoûtement, Ana Luiza Koehler en impose. Par ses dessins, pourrait-on dire d’un autre age, sortis tout droit des livres anciens d’histoire, cette dernière nous embarque dans son monde exotique plein de douceurs orientales mais aussi d’actes irréversibles. Grâce à son trait réaliste et sciemment vieillot, accompagné d’une superbe et riche colorisation bien à propos, elle fait l’étalage d’un travail hautement sophistiqué, plein de sensualité et de chaleur. Le détail auquel elle s’attache prouve ardemment sa quête de parfaire son univers dans une représentation historique la plus fidèle possible dans lequel des personnages expressifs et d’une grande beauté déambulent avec grâce.

Une très belle histoire aux effluences orientales à conseiller au plus haut point dans laquelle le charme déployé et l’orientation dramatique donnée ne pourront laisser le lecteur insensible.
 

Par Phibes, le 19 juillet 2009

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