Un avion sans elle

Dans la nuit du 22 au 23 décembre 1980, l’Airbus 5403 Istanbul-Paris s’écrase à la frontière Franco-Suisse sur les coteaux du Mont Terrible. Seul un bébé échappe à la mort. Dix-huit ans plus tard, à Paris, le détective Crédule Grand-Duc fait le point sur cette enquête qu’il a dû mener pour découvrir l’identité réelle de la petite survivante surnommée Lylie. Au moment de remettre comme convenu ses notes à cette dernière ainsi qu’aux autres protagonistes de cette affaire, il reconnaît avec amertume son échec et se prépare à faire un geste irrémédiable. Pistolet contre la tempe, il jette un dernier regard sur le journal de l’époque relatant le crash et découvre avec stupeur un indice qu’il avait occulté. La solution de son enquête était là sous ses yeux depuis le début sans qu’il s’en rende compte.

Par phibes, le 4 juin 2021

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Notre avis sur Un avion sans elle

Michel Bussi, romancier à succès, se veut être une mine d’or pour les auteurs qui souhaitent adapter ses œuvres en bande dessinée. Fred Duval l’a bien perçu depuis qu’il a rendu avec brio la chose possible avec Les Nymphéas noirs. Aussi, n’est-il pas « naturel » de retrouver ce dernier, assurément épris du travail du fameux écrivain, pour une nouvelle adaptation d’une autre œuvre de ce dernier dont le titre repose sur un joli jeu de mots semble être en rapport avec la chanson de Charlélie Couture. Un avion sans elle se veut donc passer entre les mains expertes d’un scénariste reconnu dans le monde du 9ème art, à qui l’on doit en particulier Hauteville House, Carmen Mac Callum, Wonderball…

Assurément bien inspiré par cette histoire dramatique, Fred Duval nous livre une version de celle-ci ô combien prégnante pour ne pas dire addictive. Se permettant d’y apporter quelques modifications dans sa structure et dans l’implication de certains personnages (ceci avec l’aval de l’auteur originel), il nous entraîne dans une belle aventure humaine à tiroir, très narrative, séquencée avec justesse et jouant habilement sur les époques. Portée par un duo de personnages qui n’ont socialement rien en commun et qui se veulent pour le moins hétéroclites au niveau du caractère, cette équipée ne tarde pas à prendre des allures policières via une enquête pour le moins sinueuse et farcie de rebondissements.

L’intrigue qui tourne autour de l’identification d’un bébé survivant d’un crash devenu une adulte de dix-huit ans et de ses ascendances a le mérite d’être superbement tissée par le fait qu’elle met en balance la relation entre deux êtres (Marc et Lylie). A la faveur de découvertes, de révélations et aussi d’analyses, on reste suspendu à l’album jusqu’à ses dernières pages, espérant pour eux le meilleur et redoutant le pire pour ce couple. La tension reste palpable tout au long du récit eu égard aux drames qui s’y révèlent et, par cette perception, donne une furieuse envie de découvrir le fin-mot de tout cet imbroglio.

Si le travail scénaristique est impressionnant, il en est de même pour celui exécuté par le dessinateur Nicolaï Pinheiro. Ayant déjà fait ses preuves dans Venise, Lapa la nuit…, l’artiste nous offre une mise en images époustouflante, très esthétique et également authentique, colorisée avec goût, mettant en évidence des décors très recherchés, aux détails impressionnants et des personnages à la personnalité bien marquée. La rigueur est de mise pour animer ces derniers qui bénéficient d’une expressivité on ne peut plus marquante et très profitable à l’intrigue.

Une adaptation ô combien fascinante réalisée avec maestria par des auteurs qui se complètent parfaitement et qui mérite d’être lue pour ne pas dire dévorée. Bravo Messieurs, on en redemande, c’est pour dire !

Par Phibes, le 4 juin 2021

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